(Québec) La facture des maisons des aînés a explosé en raison de la surchauffe dans l’industrie de la construction et de l’ajout d’aménagements pour mieux répondre à une prochaine pandémie, défend la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais. Les coûts du projet phare de la Coalition avenir Québec doivent atteindre 2,6 milliards d’ici 2022-2023.

La ministre Blais a été talonnée par le Parti libéral lors de l’étude des crédits sur la hausse importante de la facture associée à la construction de 46 maisons des aînés, qui doit se traduire par la création de 2600 nouvelles places à temps pour les élections de 2022. L’an dernier, le budget pour la réalisation était fixé à 1,5 milliard. Dans le dernier budget Girard, ces sommes atteignent 2,6 milliards d’ici 2022-2023.

« On va construire des vestiaires pour le personnel de la santé, ajouter des lavabos, des ‟sas” pour que le personnel puisse se changer, on va agrandir les salles de repos », a énuméré la ministre. Les futurs bâtiments seront construits avec des matériaux « moins poreux » pour faciliter la désinfection rapide.

« Il n’y a personne qui peut nous reprocher d’ajouter des matériaux pour faire en sorte de protéger les personnes à l’intérieur, que ce soient nos travailleurs de la santé ou nos personnes vulnérables. En plus, on est actuellement dans une surchauffe au niveau de la construction […], c’est pour cela que les coûts augmentent », a-t-elle ajouté.

Le projet initial promettait la construction de 30 maisons plutôt que 46. Québec a choisi de construire « de plus petites maisons » plus près des communautés. La hausse des coûts n’est pas étrangère à l’achat, donc, de 46 terrains au lieu d’une trentaine. Des sommes de 108 millions ont été réservées à l’achat de terrains. À ce sujet, Mme Blais a affirmé que Québec dépensera globalement 20 millions de moins que prévu.

Si certains terrains ont été achetés à des coûts plus élevés que la valeur marchande, comme l’ont démontré les libéraux mardi, d’autres l’ont été en deçà des évaluations.

Pas de détail pour la nouvelle facture

Lors de l’étude des crédits, ni la ministre Blais ni ses fonctionnaires n’ont offert le détail de la nouvelle facture. La députée libérale Monique Sauvé a bien essayé d’obtenir une liste avec le coût pour chaque maison, sans succès. Elle souhaitait aussi connaître « la déclinaison » des investissements prévus pour l’année électorale.

Malgré les demandes de Mme Sauvé et de la députée péquiste Lorraine Richard, la ministre ne s’est pas non plus aventurée sur « son plan » pour pourvoir les futurs postes liés à l’ouverture des maisons des aînés, alors que le réseau de la santé est déjà touché par une pénurie de main-d’œuvre.

Dans son Plan québécois des infrastructures (PQI) 2021-2031, le gouvernement prévoit 3,1 milliards de dollars pour l’ajout de maisons des aînés et pour la construction et la réfection de CHSLD et d’hôpitaux. Selon Mme Blais, la « reconstruction » de quelque 3000 places en CHSLD entraînera des investissements totaux de 2 milliards. Ces sommes s’ajoutent à celles prévues pour les maisons des aînés.

Ces projections ne sont pas toutes inscrites au PQI, puisque les projets de rénovation de CHSLD (il y en a 23) en sont à différentes étapes de cheminement, a précisé le sous-ministre adjoint aux Infrastructures, Luc Desbiens.

Conventionner les CHSLD privés

La ministre Marguerite Blais a confirmé qu’il en coûterait 200 millions par année au gouvernement Legault pour conventionner les 40 CHSLD privés de la province. Québec a dans sa ligne de mire de mieux encadrer les CHSLD privés non conventionnés depuis la première vague de la pandémie.

L’objectif de Mme Blais est d’en conventionner la moitié – environ 20 établissements – d’ici la fin du mandat. Pour atteindre cette cible, 60 millions sont réservés.

« Pour tous les conventionner à terme, ça va coûter 200 millions. Actuellement, on est sur la bonne voie. Chaque CHSLD privé a un contrat différent. On a fait faire une étude par une firme pour connaître les coûts et on travaille avec le Conseil du trésor, avec les Finances », a précisé Mme Blais, expliquant que le sujet est abordé « toutes les semaines ».