(Ottawa) Le seul député néo-démocrate québécois a été invité à faire un examen de conscience par le chef bloquiste dans la foulée de la controverse allumée par les propos d’un professeur de l’Université d’Ottawa.

Mardi, Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), a défendu le droit d’un député néo-démocrate ontarien d’applaudir aux déclarations d’Amir Attaran.

« Si j’étais Alexandre Boulerice […] je commencerais à me demander […] si je suis à la bonne place dans une formation politique qui institutionnalise une culture selon laquelle tous les Québécois francophones sont racistes et leur premier ministre légitimement élu, un suprémaciste blanc », a lancé Yves-François Blanchet, mercredi matin, en point de presse.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Alexandre Boulerice

Lundi soir, Matthew Green a offert des « félicitations » sur Twitter au professeur Attaran qui a traité le gouvernement Legault de suprémaciste blanc et qui a qualifié le Québec d’Alabama du Nord.

Mardi, M. Singh a dit que lui-même ne croit pas que les Québécois sont racistes. Du même souffle, il a défendu le droit de M. Green d’écrire ce qu’il a écrit.

« Un député racisé qui a vécu des expériences dans sa vie et qui lutte contre le racisme systémique a le droit de s’exprimer », a dit M. Singh.

Mercredi, à sa sortie de la réunion de son caucus, on a demandé à M. Singh si le député Boulerice est à l’aise avec tout ça.

« Toute notre équipe a parlé de ce sujet. Et on est tous unifiés […] en rejetant l’idée complètement que tous les Québécois sont racistes. C’est faux. On est contre ça », a répondu le chef néo-démocrate.

Le député Green, lui, s’en remettait encore à ses médias sociaux pour annoncer qu’il a été mal compris.

« Certains articles rapportent que je supporte l’idée que tous les Québécois et Québécoises sont racistes. C’est complètement faux. Je ne supporterai jamais cette idée. J’ai commenté l’histoire d’Amir Attaran parce que je trouve très hypocrite que plusieurs politiciens essayent de censurer un professeur de l’Université d’Ottawa parce qu’il luttait contre le racisme alors qu’il y a quelques semaines, ces mêmes politiciens luttaient becs et ongles pour la liberté d’expression pour une professeure qui avait prononcé le mot en “N” », a écrit M. Green sur ses comptes Facebook et Twitter.

M. Boulerice, pour sa part, a refusé les demandes d’entrevue de La Presse Canadienne, mercredi, pour la deuxième journée consécutive.

Mardi après-midi, il avait préféré s’en remettre à Twitter pour offrir une défense à son collègue Green.

« Je connais bien mon collègue (Matthew Green) et son engagement indéfectible à lutter contre toute forme de racisme, y compris le racisme anti-québécois », a écrit M. Boulerice.

Il y a également condamné avec force les propos du professeur Attaran, les qualifiant de « simplement délirants et condamnables ».

Unanimité à l’Assemblée nationale

À l’Assemblée nationale, mercredi, on s’en est pris directement à l’employeur de M. Attaran, l’Université d’Ottawa.

Une motion déposée par le député péquiste Pascal Bérubé a condamné « les institutions canadiennes qui refusent d’intervenir pour que cessent des agressions envers la nation québécoise ».

Elle a été adoptée, sans débat, et à l’unanimité. L’Assemblée nationale en fera parvenir une copie à l’Université d’Ottawa.

Plus tôt cette semaine, le recteur de l’université, Jacques Frémont, a fait savoir qu’il n’y aurait pas de sanction contre M. Attaran, en citant son droit à la liberté d’expression.

Grain de sel du Parti vert

La leader du Parti vert a tenu à s’exprimer sur cette affaire, en appelant tous à « baisser le ton ».

Il faut, a dit Annamie Paul, au cours d’une entrevue téléphonique, « arrêter d’avoir des échanges sur Twitter sur l’affaire ».

Mme Paul a également proposé, comme solution plus générale, que François Legault abroge la loi québécoise sur la laïcité de l’État et que MM. Legault et Blanchet « fassent l’effort de s’éduquer sur les réalités des gens racisés du Québec ».

Les déclarations d’Amir Attaran sur Twitter

Amir Attaran a notamment écrit sur son compte Twitter que la culture des Québécois est raciste, que le gouvernement québécois est suprémaciste blanc et que le Québec est « l’Alabama du Nord ».

Mercredi, il utilisait le même véhicule pour attaquer ceux qui l’ont critiqué. Il a ainsi traité les conservateurs de « racistes » parce que le député Pierre Paul-Hus l’a invité à « retourner aux États-Unis » s’il n’est pas bien au Canada.

« Et voilà que les conservateurs disent aux immigrants de “retourner chez eux” et nient qu’ils sont citoyens canadiens », a raillé M. Attaran.

« Il est Américain également. Je veux dire, s’il n’est pas bien au Canada… Il est Canadien évidemment. C’est un Canadien. Ça n’a rien à voir avec ça, mais il n’arrête pas de nous attaquer », a balbutié le député Paul-Hus lorsqu’il a été joint par La Presse Canadienne.