(Ottawa) Menacé d’être déclaré persona non grata aux futures cérémonies de commémoration du féminicide de Polytechnique, Justin Trudeau opte pour une stratégie d’apaisement, disant comprendre la frustration des survivantes et des proches des victimes. Il a évoqué de « potentielles améliorations » au projet de loi qui suscite leur ire.

En conférence de presse au parlement, vendredi, le premier ministre n’a pas fait référence directement à cette menace formulée dans une lettre qui lui a été envoyée et que ses signataires ont rendue publique un peu plus tôt cette semaine.

« Nous les écoutons, nous sommes de tout cœur avec eux, et nous allons continuer de travailler ensemble », a-t-il laissé tomber, saluant le travail du groupe Polysesouvient et de tous ceux « qui continuent à pousser pour plus de contrôle des armes à feu au pays ».

« On va continuer, avec nos discussions autour [du projet de loi] C-21, y compris avec des témoignages et des discussions parlementaires, sur de potentielles améliorations », a-t-il poursuivi, disant néanmoins être convaincu « que l’approche que nous avons préconisée est la bonne ».

PHOTO LARS HAGBERG, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Justin Trudeau

Extrêmement déçues par le projet de loi d’Ottawa sur le contrôle des armes à feu, des survivantes et proches de victimes de la tuerie de Polytechnique ont pris la plume et écrit à Justin Trudeau de ne plus apparaître à leurs côtés aux cérémonies de commémoration annuelles du féminicide perpétré le 6 décembre 1989.

« Si vous poursuivez avec ce projet de loi, plus jamais nous n’accepterons de vous recevoir à nos côtés lorsque nous pleurerons la mort de nos filles, de nos sœurs, de nos amies, lors des commémorations annuelles », est-il écrit dans la missive envoyée à Justin Trudeau.

Les 33 signataires reprochent au gouvernement libéral d’essayer de « duper » la population canadienne avec du « verbiage politique et des slogans accrocheurs » avec C-21, un projet de loi représentant une « trahison » et qu’ils voient par ailleurs comme une démonstration que les libéraux ont fait « le jeu du lobby des armes ».

La mesure législative permettra aux propriétaires de plus de 1500 modèles d’armes à feu de type militaire de conserver leurs armes selon des conditions plus strictes. Il leur sera notamment interdit de les utiliser dans des champs de tir, de les léguer ou de les vendre, d’en acquérir de nouvelles ou d’en importer.

Déposé en février dernier, C-21 n’a été débattu qu’une seule fois à la Chambre des communes.

avec Tristan Péloquin, La Presse