(Ottawa) Le congrès du Parti conservateur du Canada sera un véritable test de leadership pour son chef Erin O’Toole, qui devra démontrer qu’il est capable de rallier les différentes factions de son parti tout en présentant sa vision pour l’avenir du Canada.

L’évènement clé de ces trois jours de rencontres sera sans contredit le discours du chef, vendredi en soirée. L’exercice sera périlleux, d’autant plus qu’il est entièrement virtuel. Il sera difficile, donc, de jauger de l’appui des militants en temps réel.

Les dernières semaines ont été ponctuées d’articles remettant en doute le leadership de M. O’Toole, élu il y a tout juste sept mois.

La grogne s’est fait sentir tant du côté des militants sociaux conservateurs, furieux de l’expulsion du député Derek Sloan, que de députés craignant que leur chef penche vers une tarification du carbone pour atteindre son objectif de carboneutralité en 2050.

Qui plus est, les sondages indiquent une nette avance des troupes libérales-un bien mauvais signe pour les conservateurs en cas d’élection hâtive.

Le leader parlementaire du parti, Gérard Deltell, croit que ce congrès virtuel sera l’occasion pour son chef de se faire connaître auprès des membres et des Canadiens.

« C’est pour ainsi dire la deuxième fois qu’il s’adresse aux membres dans un cadre formel du parti », fait-il valoir, notant que la dernière fois, c’était lors du dévoilement des résultats de la course au leadership aux petites heures du matin.

Il fait peu de cas des critiques qui ont été formulées à l’endroit de M. O’Toole dans les dernières semaines.

« Qu’il y ait des interrogations, ça fait partie du débat public. Moi, je peux vous dire que l’unité est là et on va le démontrer plus que jamais en fin de semaine, pendant le congrès », soutient M. Deltell.

Un discours pré-électoral ?

Peu de détails ont filtré jusqu’à maintenant sur le contenu de ce discours de M. O’Toole. Les seuls députés qui se sont prononcésse sont dits confiants que leur chef présenteravendrediune vision conservatrice claire qui saura plaire aux militants et aux Canadiens.

Selon le député Pierre Poilievre, M. O’Toole profitera de son discours pour cibler sa priorité principale, soit la création d’emplois.

Nous l’avons démontré dans les années Harper. […] Les conservateurs ont réussi à sortir le Canada de cette crise économique (de 2008) par le passé et nous sommes le seul parti qui est capable de le faire pour l’avenir.

Le député conservateur Pierre Poilievre plus tôt cette semaine

Il n’est pas exclu, non plus, qu’on y retrouve des grandes lignes d’attaque pour une éventuelle campagne électorale.

« Je pense qu’on va faire la démonstration en fin de semaine qu’on est un parti qui est prêt à gouverner », a laissé tomber M. Deltell, lors d’une entrevue téléphonique.

Richard Martel, lieutenant politique du Québec, croit que les militants et députés ressortiront de cet exercice regaillardis.

« Souvent, après un congrès, c’est un « boost ». […] Moi, je suis convaincu qu’après le congrès… ça va bien aller », a-t-il confié lors d’une entrevue téléphonique.

L’avortement pas à l’ordre du jour

Les membres auront à se prononcer sur 34 résolutions choisies par les associations de circonscription, mais aucune ne porte sur le droit à l’avortement malgré les efforts du lobby « pro-vie » en ce sens.

Les sujets n’en seront pas moins épineux. On voudra notamment se pencher de nouveau sur l’idée d’un couloir énergétique à travers le Canada, qui n’est pas sans rappeler le défunt projet d’Énergie Est.

Les membres auront aussi à se prononcer sur le financement fédéral des universités canadiennes qui protègent la liberté d’expression sur les campus.

On voudra également adopter « une politique étrangère ferme à l’endroit de dictatures autoritaires », en citant notamment le Parti communiste chinois.

M. Deltell se réjouit d’avoir un éventail de sujets à discuter qui ont été choisis par les membres et qui font la démonstration, à son avis, que les enjeux comme l’avortement ne sont pas « prioritaires ».

« On entend beaucoup de bruit, mais dans la réalité des faits, quand on laisse les militants parler et que les militants parlent et font leurs choix d’un océan à l’autre, les résultats sont là », dit-il.

Le congrès du Parti conservateur se poursuit jusqu’à samedi.