(Ottawa ) Le député conservateur Pierre Paul-Hus estime que la sécurité des ministres devrait être assurée par des réservistes des Forces armées canadiennes lorsqu’ils se déplacent au pays.

Il s’agit d’une solution peu coûteuse qu’il avait déjà proposée à des ministres du gouvernement conservateur de Stephen Harper, à l’époque où il était membre de la force de réserve dans la région de Québec.

Maintenant député conservateur depuis six ans, M. Paul-Hus revient à la charge avec cette proposition qui, selon lui, offrirait une meilleure sécurité aux ministres tout en étant peu onéreuse. Car des membres de la réserve des Forces armées canadiennes, il y en a aux quatre coins du pays et ils pourraient très bien s’acquitter de cette tâche, a-t-il fait valoir dans une entrevue avec La Presse.

M. Paul-Hus a tenu ces propos au moment où l’on s’inquiète de plus en plus de la sécurité des élus, qu’ils œuvrent sur la scène fédérale, provinciale ou municipale.

« On a une réflexion à faire »

Membre influent du gouvernement Trudeau, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, n’a pas caché son inquiétude de voir les menaces qui se multiplient sur les réseaux sociaux à l’endroit des élus. À terme, a-t-il confié en entrevue avec La Presse, ce fléau risque de dissuader des gens de talent de briguer les suffrages si rien n’est fait. La vitalité des institutions démocratiques pourrait en souffrir.

« On a une réflexion à faire. Il faut tirer des leçons de ce qu’on a vu et prévenir ce qui pourrait arriver », a affirmé le ministre, faisant notamment référence à l’augmentation des menaces en ligne et des incidents violents, notamment au Royaume-Uni, où un député conservateur a été assassiné.

Le député conservateur Pierre Paul-Hus appuie lui aussi l’idée que l’on doit revoir les mesures de sécurité offertes aux élus. Et il compte soumettre sa proposition aux autorités compétentes à Ottawa.

« J’avais droit à plus de services que les ministres »

M. Paul-Hus se souvient comme si c’était hier du jour de 2010 où il a vu l’ancien ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon arriver en taxi au Château Frontenac à Québec, où il devait prononcer un discours.

« J’étais membre de la réserve à ce moment-là. Je l’attendais pour l’accueillir. Et je n’arrivais pas à croire que le ministre des Affaires étrangères du Canada arrivait au Château Frontenac en taxi. J’étais lieutenant-colonel d’une unité de la réserve et j’avais droit à un chauffeur et à plus de services que les ministres du gouvernement fédéral », a-t-il expliqué.

Il a aussi abordé cette question en 2014 avec l’ancien ministre de la Sécurité publique Steven Blaney, tandis qu’ils se rendaient à un congrès politique à Calgary. Des employés du parti les avaient transportés de l’aéroport jusqu’au centre-ville à bord d’une vieille fourgonnette qui empestait l’essence alors que la météo était peu clémente.

Le gouvernement fédéral se serait retrouvé dans l’embarras si le ministre de la Sécurité publique avait été impliqué dans un accident de la route à l’époque, selon lui.

« Je comprends qu’on ne peut pas avoir des chauffeurs partout au pays pour les ministres. Ce serait trop cher. Par contre, ce serait une belle façon d’utiliser les réservistes parce qu’il y en a partout au pays, et dans toutes les municipalités, les grandes comme les petites. »

« Ce serait plus sécuritaire »

« Ça peut être très simple et très efficace. Quand un ministre se déplace, on peut coordonner le tout entre le gouvernement et le ministère de la Défense. Un ministre qui s’en va à Matane faire une annonce pourrait avoir un membre de la réserve qui s’occupe du transport. Ce serait plus sécuritaire. Ça pourrait être fait de cette manière partout au Canada. Et les membres de la réserve seraient très heureux de faire cela », a-t-il expliqué.

M. Paul-Hus, qui a été membre de la force de réserve pendant 22 ans et qui a été lieutenant-colonel d’un régiment de 2003 à 2007, a d’ailleurs souligné que la personne qui est ministre de la Défense a droit à un tel service durant ses déplacements au pays.

« J’ai proposé cela quand les conservateurs étaient au pouvoir. Je le réitère aujourd’hui même si nous sommes dans l’opposition. La sécurité des élus est une question très importante. On le voit bien avec ce qui se passe sur les réseaux sociaux », a-t-il affirmé.