(Mercier) Le chef du Bloc québécois (BQ), Yves-François Blanchet, n’est pas du tout en faveur du déclenchement d’une élection fédérale ce mois-ci, car il estime qu’elle mettrait inutilement à risque la santé des citoyens.

« C’est une élection qui pourrait s’avérer très irresponsable », a-t-il répondu lorsque questionné à ce sujet mardi après-midi à Mercier, alors qu’il y visitait une distillerie dans le cadre de sa tournée estivale.

Une élection signifie plus de contacts entre les gens alors qu’une nouvelle mutation du virus circule et que la pandémie n’est pas parfaitement maîtrisée : « ça augmente le niveau de risque, ça augmente le niveau de danger. »

« Le Bloc québécois n’a pas demandé d’élection, et les Québécois ne veulent pas d’élection », a répété le chef.

« C’est Justin Trudeau qui veut compromettre les gains et les progrès que l’on a faits dans la lutte contre la pandémie au Québec », à des fins « purement personnelles ».

Il ne voit pas de raison pour une élection générale à peine deux ans après la précédente qui avait eu lieu en 2019.

Malgré la pandémie, « le Parlement fonctionne, et peut fonctionner » : les lois qui ont été adoptées en temps de pandémie avec l’aide de l’un ou de l’autre des partis d’opposition le prouvent, juge M. Blanchet qui croit que les députés doivent y retourner pour continuer le travail entrepris et finaliser certaines mesures législatives d’intérêt pour le Québec comme la réforme de la Loi sur la radiodiffusion et l’exclusion de la gestion de l’offre des futures ententes commerciales signées par le Canada.

Mais le chef bloquiste dit ne pas être naïf : comme d’autres, il entend les rumeurs de déclenchement d’élection et souligne que la multiplication des annonces financières du premier ministre au Québec appuie cette théorie.

Et si c’est le cas, il dit que sa formation politique est prête : le chef se targue de finances bien meilleures que lors des dernières élections « grâce à la générosité des Québécois » et soutient que le niveau de préparation du parti est « exemplaire ».

Début août, 40 candidats ont déjà été investis, et le reste sera trouvé « sans aucune espèce de difficulté », a répondu le chef bloquiste en affichant un air plus que confiant. Et s’il le faut, « on transformera la tournée estivale en tournée électorale ».

Actuellement, le BQ détient 32 sièges au Parlement sur les 78 que compte le Québec.

Prestation canadienne de relance économique (PCRE)

Plus tôt en après-midi, le chef des bloquistes a visité une ferme familiale, la Belle de Coteau-du-Lac, située en Montérégie.

Il y a discuté de la pénurie de main-d’œuvre qui est une réalité dans cette région comme dans d’autres au Québec, a-t-il fait valoir. M. Blanchet croit qu’une réflexion s’impose sur la prestation canadienne de relance économique (PCRE) – qui a remplacé la PCU (prestation canadienne d’urgence) – et que celle-ci devrait peut-être même être suspendue.

« Tous les milieux économiques » connaissent une pénurie de main-d’œuvre et ont demandé la fin de ce programme d’aide aux travailleurs, a-t-il déclaré au milieu des champs de fleurs en autocueillette de la ferme.

S’il n’est pas encore prêt à « trancher au couteau » ce qui doit être fait, il juge qu’une réflexion sérieuse doit être entreprise « sur le potentiel de nuisance d’un programme que le gouvernement aurait dû ajuster bien davantage pour créer des incitatifs au travail ».

Il est vrai que la pénurie de travailleurs était une réalité avant la pandémie, dit-il, et elle existera après, avec peut-être une acuité encore plus grande.

Il ne faut pas lancer la pierre aux jeunes, avertit-il : « ils sont au travail. Il faut casser ce mythe-là ».

Il ne prône pas l’abolition de la PCRE dans l’immédiat, puisqu’il est possible qu’une 4e vague de COVID-19 frappe : il songe plutôt à une suspension du programme qui pourrait être réactivé si nécessaire pour aider les citoyens à la surmonter.

Et si une élection est déclenchée ce mois-ci, comme beaucoup l’anticipe, le chef bloquiste présentera une proposition pour moduler la PCRE.