« Je ne trouve pas acceptable qu’il y ait moins de CPE dans certains milieux défavorisés, toutes proportions gardées, qu’en milieu favorisé », a déclaré en conférence de presse François Legault vendredi, assurant que l’intention demeurait de les prioriser.

Comment se fait-il que ce ne soit pas déjà acquis, 24 ans après la création des centres de la petite enfance (CPE) avec l’objectif avoué de viser tout particulièrement les enfants vulnérables ?

M. Legault a dit « être d’accord » avec Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal, qui, dans un mémoire déposé cette semaine à Québec, a demandé que soient créées de nouvelles places en CPE à Montréal « en ciblant prioritairement les quartiers les plus défavorisés matériellement et/ou qui affichent les proportions les plus élevées d’enfants vulnérables ».

Toujours en conférence de presse, M. Legault y est allé d’un long plaidoyer sur l’importance d’agir tôt, les enfants issus de milieux difficiles accusant trop de retards scolaires. Il a rappelé que c’était là « l’un des objectifs visés quand le programme a été lancé par M. [Lucien] Bouchard et Mme [Pauline] Marois » et que c’était là quelque chose qui lui tenait particulièrement à cœur.

La Santé publique de Montréal rappelle que, selon une étude de Laurin, Guay, Bigras et Fournier publiée en 2015, « les enfants de familles à faible revenu ayant fréquenté exclusivement un CPE au cours de la période préscolaire sont 3,3 fois moins susceptibles d’être vulnérables dans au moins un domaine de leur développement que les enfants n’ayant fréquenté aucun service de garde éducatif ».

Pauvreté plus importante à Montréal

Dans son mémoire, la Santé publique de Montréal signale que, malgré une réduction du nombre de familles à faible revenu entre 2012 et 2016 (selon la mesure du faible revenu), la pauvreté est toujours beaucoup plus importante à Montréal que dans l’ensemble du Québec.

« La proportion d’enfants de 0-4 ans vivant dans des familles sous le seuil de faible revenu (après impôt) est trois fois plus élevée à Montréal que dans l’ensemble du Québec (17 % contre 5 %), peut-on lire. Parmi les familles immigrantes avec enfants de 0-4 ans, cette proportion atteint 24 % (dans la métropole) alors qu’elle se situe à 14 % au Québec. »

Le premier ministre a relevé qu’il manquait 37 000 places au Québec. « On en a annoncé 15 000 et on va bientôt en annoncer 22 000 autres. »

M. Legault a rappelé que serait déposé à l’automne un projet de loi pour alléger le processus de création de places en CPE, actuellement plombé par des lourdeurs bureaucratiques.

L’Association québécoise des CPE a déjà expliqué qu’il fallait franchir 17 étapes pour ouvrir un service de garde, de formulaire en formulaire.