(Québec) François Legault accuse son homologue à Ottawa d’insulter les Québécois, alors qu’une enveloppe de 125 000 $ d’un programme fédéral de contestation judiciaire (PCJ) finance le recours de la commission scolaire English-Montreal contre la loi 21 sur la laïcité.

« Ce n’est quand même pas anodin. On poursuit un gouvernement national qui a adopté une loi avec l’appui de la nation québécoise ! » s’est insurgé jeudi le premier ministre du Québec.  

Même si le PCJ est un organisme indépendant du gouvernement fédéral, administré par l’Université d’Ottawa, M. Legault estime que Justin Trudeau aurait pu l’« encadrer » pour qu’il ne finance pas un recours contre la loi 21.  

« Je pense que Justin Trudeau insulte les Québécois. […] Je [lui] demande de s’assurer que ce financement ne soit pas donné pour contester la loi 21 », a-t-il martelé jeudi.  

« Je comprends que certains disent que c’est un programme indépendant, [mais] un gouvernement peut encadrer une institution » comme le PCJ, a-t-il insisté.  

La ministre de la Justice, Sonia LeBel, tout comme M. Legault ont ajouté qu’ils regarderaient les recours dont ils disposent face à la CSME.  

« On va regarder tous les recours, parce que c’est une commission scolaire qui est sous tutelle », a dit le premier ministre du Québec.  

La loi sur la laïcité a été adoptée sous bâillon en juin 2019.  

Le Parti québécois déposera jeudi une motion au Salon bleu pour que « l’Assemblée nationale dénonce le financement fédéral, octroyé via le Programme de contestation judiciaire, du recours devant les tribunaux pour invalider » la loi 21.

« On demande un vote unanime pour envoyer un message fort que le gouvernement fédéral ne peut pas faire indirectement, ce qu’il souhaiterait peut-être faire directement », a lancé le chef intérimaire, Pascal Bérubé en mêlée de presse.

Pour sa part, le chef intérimaire du Parti libéral, Pierre Arcand, dont la formation s’est opposée à l’adoption de la loi sur la laïcité de l’État, la contestation judiciaire vient démontrer que « visiblement, le débat » sur la loi 21 « n’est pas clos » au Québec.

« On pensait, nous, que c’était quelque chose dont on entendrait plus parler. C’est ce que le gouvernement Legault nous avait promis et visiblement, ça repart », a-t-il lancé avec une pointe d’ironie. « Ça va être aux tribunaux de décider », a ajouté M. Arcand.