(Ottawa) La ministre fédérale de l’Infrastructure, Catherine McKenna, estime qu’on doit faire quelque chose pour protéger les politiciens — et notamment les femmes — contre les comportements menaçants ou les gestes d’intimidation.

La police a ouvert une enquête cette semaine sur un incident survenu à son bureau de circonscription et des reportages font état de menaces à l’endroit de deux autres politiciennes de la région d’Ottawa.

Mme McKenna, qui a déjà dénoncé dans le passé des gestes d’intimidation dont elle a été victime, a déclaré jeudi que plusieurs politiciennes — mais aussi des politiciens — avaient vécu des incidents similaires, dont certains n’ont jamais été rapportés publiquement.

« Il ne s’agit pas que de moi. On a attiré l’attention sur les incidents qui m’ont impliquée, mais j’ai entendu (de telles histoires de) tant de femmes, tant d’hommes, et c’est vraiment inquiétant », a-t-elle dit à Ottawa. « Nous devons y réfléchir et agir pour que nous puissions tous faire notre travail. »

La police a ouvert une enquête cette semaine après qu’un homme a crié des obscénités à un membre du personnel du bureau de comté de Mme McKenna ; les images de l’incident ont circulé dans les réseaux sociaux. Après avoir appris que le bureau de circonscription du centre-ville d’Ottawa était fermé en raison de la COVID-19, l’homme lance à l’employée des jurons et des insultes qui visaient la ministre McKenna et le premier ministre Justin Trudeau.

Selon des données de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), citées pour la première fois par le Toronto Star, le nombre de menaces proférées contre le premier ministre et des ministres fédéraux a augmenté depuis l’année dernière. Le nombre d’enquêtes menées de janvier à juillet pour des menaces atteindrait 130 cette année, comparativement à 100 pour la même période l’an dernier.

À la suite de l’incident au bureau de Mme McKenna, la ministre provinciale Lisa MacLeod, elle aussi députée d’une circonscription d’Ottawa, a accordé une entrevue à une radio locale pour condamner ces comportements. Elle a ensuite reçu elle-même des menaces, a confirmé jeudi son porte-parole. « La ministre MacLeod bénéficie une fois de plus d’une protection policière en raison à la fois de courriels menaçants et d’un incident malveillant inexpliqué à son véhicule personnel à Ottawa », a déclaré Derek Rowland dans un courriel.

En mars 2019, une femme avait été accusée d’avoir proféré des menaces contre Mme MacLeod, qui procédait alors à des changements controversés à la stratégie de la province en matière d’autisme.

La semaine dernière, en pleine nuit, une pierre a fracassé la fenêtre de la résidence d’une conseillère municipale d’Ottawa, Laura Dudas, pendant qu’elle et ses enfants dormaient. « Bien que je ne puisse pas parler des motivations de l’auteur de cet acte inquiétant, il s’agit du plus récent acte d’une série visant mon rôle de femme en politique », a-t-elle soutenu dans un communiqué publié jeudi sur les réseaux sociaux.

« On entend trop d’histoires de femmes politiques qui auraient été victimes d’agressions vicieuses en ligne, de commentaires désobligeants sur leur sexe, écrit-elle. Et lorsque le vitriol en ligne se répand dans le monde réel (cela se transforme en) violentes attaques physiques. Il faut que ça cesse. »

La ministre McKenna, sur Twitter, l’avait encouragée mardi. « Il est exaspérant que les femmes en politique continuent d’être la cible de ces attaques insensées. Nous sommes à vos côtés, @Laura_Dudas, et toutes les femmes en politique aujourd’hui, demain et tous les jours. »