(Québec) Un gouvernement péquiste dirigé par Paul St-Pierre Plamondon n’hésiterait pas à prendre des « mesures musclées » pour promouvoir le français, même si elles ne sont pas consensuelles.

Il réduirait le financement des cégeps et universités anglophones qui « anglicisent le Québec ». C’est ce qu’on peut lire dans le volet linguistique du programme du candidat à la direction du Parti québécois (PQ), obtenu par La Presse canadienne mardi soir.

Le dernier gouvernement péquiste de Pauline Marois avait reculé sur l’imposition du cégep en français aux jeunes issus de l’immigration, mais M. St-Pierre Plamondon veut reprendre le combat différemment.

S’il est élu chef du PQ en juin et remporte les élections de 2022, M. St-Pierre Plamondon voudra renverser les tendances actuelles et redonner aux francophones la confiance en l’avenir de leur langue. C’est parce qu’ils n’ont pas confiance en « la viabilité de leur langue dans 100 ans », entre autres, que les francophones s’inscrivent au cégep en anglais, estime-t-il.

« Briser les tabous »

Dans son document, il cite des statistiques alarmantes sur le recul de l’usage du français sur l’île de Montréal, mais aussi à Laval.

« Ça va prendre une série de mesures musclées, qui ne sont pas toujours consensuelles, a-t-il déclaré dans une entrevue téléphonique à La Presse canadienne. […] Il faut briser les tabous et sortir de l’aveuglement volontaire par rapport à l’état de la langue française au Québec. »

Un gouvernement péquiste sous sa houlette changerait donc les critères de financement, en fonction de la clientèle inscrite, pour accorder un financement aux établissements postsecondaires de la minorité anglaise qui correspond à son poids démographique.

« Les cégeps anglophones attirent les clientèles allophones et francophones pour les angliciser, ça, je pense qu’on peut légitimement couper là-dedans », parce que l’État québécois n’a pas à financer l’assimilation, plaide-t-il.

Il assure du même souffle toutefois qu’il entend préserver les droits de la minorité anglophone et la soutenir.

Bilinguisme

M. St-Pierre Plamondon assure qu’il n’est pas contre le bilinguisme individuel, mais contre le « bilinguisme institutionnel ». Lui-même parle notamment le danois, le suédois et l’espagnol.

« Je parle cinq langues, mais j’insiste sur l’usage du français au quotidien », a-t-il assuré.

Sous sa gouverne, l’État québécois adopterait notamment une « déclaration d’urgence linguistique » _ à l’image de la déclaration d’urgence climatique adoptée par l’Assemblée nationale _ pour envoyer un signal clair que le Québec fera la promotion de sa seule langue officielle.

Ainsi, toutes les communications entre l’État et les entreprises seraient uniquement en français. Il en serait de même avec les citoyens, à l’exception de la minorité historique de langue anglaise.

Le Canada, une « machine à assimiler »

Un gouvernement St-Pierre Plamondon imposerait aussi les dispositions de la loi 101 sur la langue de travail aux entreprises de 25 à 50 employés, et enchâsserait le droit de vivre et travailler en français, de même que le droit à la francisation, dans la Charte des droits et libertés.

Enfin, jusqu’à ce que le Québec accède à l’indépendance, son gouvernement imposerait la loi 101 aux entreprises fédérales et mènerait un combat de tous les instants contre l’État fédéral canadien pour imposer le français comme langue commune, même jusqu’à l’aéroport Trudeau de Montréal _ où la qualité du français selon lui est bien représentative de la place de cette langue au Canada.

« Le Canada est une machine à assimiler des francophones depuis des siècles », conclut-il.

Outre M. St-Pierre Plamondon, le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, et l’historien Frédéric Bastien ont aussi annoncé leur candidature dans cette course à la direction. L’humoriste Guy Nantel a fait savoir qu’il est intéressé, mais n’a pas encore confirmé qu’il se lancera.