Tout indique que les plateaux d’inondation tant attendus ont finalement été atteints mercredi, alors que le gouvernement fédéral a interdit les bateaux sur les plans d’eau les plus inondés.

« On arrive à une certaine baisse », a confié le porte-parole de la sécurité civile, Éric Houde, en entrevue avec La Presse canadienne.

« Normalement, il y a des endroits où ça va baisser un petit peu plus vite — mais on parle en termes de centimètres — et il y a des endroits où ça va se stabiliser un peu et, normalement, il n’y aura pas plus que des petites hausses ici et là », a-t-il détaillé.

Les mouvements d’eau tendent d’ailleurs à confirmer que si les plateaux sont atteints à certains endroits, d’autres endroits ont vu l’eau continuer de monter alors que le nombre de maisons inondées a à nouveau augmenté légèrement.

Le plus récent bilan publié en soirée mercredi fait toutefois état de 10 895 personnes évacuées, soit un peu plus que mardi soir. Le nombre de résidences inondées, lui, est passé à 7230 alors que 4064 autres sont isolées par les crues.

Richelieu : optimisme modéré

Les autorités surveilleront deux épisodes de pluie, le premier jusqu’à jeudi matin, le second vendredi, mais les craintes de voir un afflux d’eau dans le lac Champlain provoquant un débordement majeur dans le Richelieu semblent s’être estompées, selon le météorologue André Cantin, d’Environnement Canada.

« Le premier événement, ce sera de 15 à 25 millimètres de pluie et le deuxième, de 10 à 15, donc entre 25 et 40 jusqu’à samedi matin. Il y en aura peut-être un peu plus sur le côté américain du lac Champlain, qui pourrait être plus près de 40 à 50 millimètres, gros maximum, au total », a-t-il expliqué à La Presse canadienne.

« Les prévisions américaines font état d’une légère hausse prévue du lac Champlain, mais ça ne le porte qu’au stade d’inondation mineure et, heureusement, il n’y aura pas de vents importants. Les forts vents du sud sur le lac Champlain, ça pousse l’eau vers le nord dans la rivière Richelieu », a-t-il ajouté.

De plus, le météorologue avait consulté mercredi matin les spécialistes en hydrologie à Environnement Canada et ceux-ci « ne prévoient pas de hausse importante du côté de la rivière Richelieu. C’est à surveiller quand même ; on demeure alerte et ça pourrait s’approcher du seuil d’inondation moyenne, mais pour l’instant, de notre côté, les prévisions restent en bas du seuil d’inondation moyenne ».

Le lac Saint-Pierre aux prises avec les marées

Puisqu’il y a des quantités énormes d’eau dans l’ensemble du corridor inondé, la pression demeure importante et, avec les hautes marées attendues de Québec dans les jours à venir, le lac Saint-Pierre sera pris en souricière entre cet afflux d’eau à l’Est et celui qui l’affecte depuis le début de la crue.

« Avec la marée de Québec, ça va ralentir la baisse et même monter un peu parce qu’il y a toujours beaucoup d’eau qui arrive de l’Ouest, il y a la rivière Saint-Maurice et d’autres petits tributaires, mais ça ne montera pas au niveau où on était rendu et après ça, il va y avoir une bonne descente la semaine prochaine », a expliqué M. Houde.

Il note au passage que la pression a beaucoup diminué à Quyon et Fort Coulonge, en état d’alerte la veille, ce qui laisse entrevoir une baisse de pression provenant du secteur nord de la rivière des Outaouais dans le Témiscamingue et le Pontiac.

Par contre, une nouvelle source de pression viendra s’ajouter sous peu parce que les gestionnaires du bassin des Grands Lacs, qui retiennent l’eau dans ces immenses mers intérieures en attendant que les niveaux baissent au Québec, devront eux aussi relâcher cette pression bientôt ce qui, selon Éric Houde, fera monter le niveau du lac Saint-Louis : « Parce qu’il y a beaucoup d’eau sur le lac Ontario, ils vont devoir ouvrir le barrage bientôt et ça va ralentir la baisse du lac des Deux-Montagnes ».

Cette séquence d’événements est d’ailleurs identique à celle qui était survenue en 2017.

L’Est du Québec, lui, semble en voie de bien s’en tirer, pendant ce temps.

« Charlevoix, la Côte-Nord, le Bas-du-Fleuve et la Gaspésie, même s’il y a de la pluie, il fait froid la nuit, ce qui ralentit la fonte. Pour l’instant, on semble correct pour l’Est du Québec. Peut-être des petits coups d’eau, mais on est loin des grosses inondations », a précisé M. Houde.

Interdit de naviguer et amendes salées pour la vitesse

Fait à noter, l’interdiction de naviguer sur les plans d’eau inondés a été étendue à plusieurs secteurs. Le ministère fédéral des Transports, qui a juridiction sur la question, explique que la mesure est requise « afin de protéger la sécurité des résidants et celle des navires et bateaux et d’aider les premiers intervenants à faire leur travail ».

L’interdit de navigation touche toute la rivière des Outaouais entre Gatineau et le barrage de Carillon, le lac des Deux-Montagnes, la rivière des Mille Îles et la rivière des Prairies.

Évidemment, ces interdictions ne s’appliquent pas aux sinistrés qui ne peuvent accéder à leur propriété autrement ainsi qu’aux services d’urgence, mais tous ceux qui y circulent doivent naviguer le plus lentement possible, l’objectif étant d’éviter de faire des vagues.

D’ailleurs, le fleuve Saint-Laurent fait aussi désormais l’objet d’une limite de vitesse de 9 nœuds pour la circulation vers l’amont et de 11 nœuds pour la circulation vers l’aval entre l’Île des Barques — à la hauteur de Sorel — et Batiscan, en Mauricie.

Les contrevenants qui braveraient l’interdiction s’exposent à des amendes et ceux qui excéderaient la limite de vitesse sur le fleuve la trouveront salée : l’amende peut s’élever à un million de dollars et s’accompagner d’une peine d’emprisonnement maximale de 18 mois, ou encore de la saisie du navire.

Par ailleurs, les propriétaires d’embarcation sont fortement invités à ne pas emprunter non plus les voies navigables en zone inondée au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick qui ne sont pas visées par l’interdiction, et ce, afin de garantir la sécurité de la navigation et prévenir les dommages aux infrastructures et à l’environnement.

Une approche « nationale »

L’importance de la catastrophe amène pendant ce temps le gouvernement fédéral à se pencher sur la situation à l’échelle nationale.

Le ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, François-Philippe Champagne, a affirmé mercredi qu’il « faudra se poser la question : où et comment on construit ».

M. Champagne entend sonder ses collègues du gouvernement du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick sur la possibilité de créer un comité « pour voir comment on peut déployer de façon plus rapide, le plus rapidement possible, l’aide fédérale ».

Inondation majeure

-Lac des Deux Montagnes, à Sainte-Anne-de-Bellevue, en hausse

-Lac des Deux Montagnes, à Terrasse-Vaudreuil, en hausse

-Lac des Deux Montagnes, à Pointe-Calumet, en baisse

-Rivière de la Petite Nation, en amont de Ripon, en hausse

-Rivière des Mille Îles, en amont du barrage du Grand-Moulin à Deux-Montagnes, en hausse

-Rivière des Mille Îles, en aval du barrage du Grand-Moulin à Deux-Montagnes, en hausse

-Rivière des Mille-Îles, à Bois-des-Filion, en baisse

-Rivière des Outaouais, à la marina de Hull, en baisse

-Rivière des Outaouais, à la Baie Quesnel, en baisse

-Rivière des Outaouais, à la Baie de Rigaud, en hausse

-Rivière Gatineau, au pont du boulevard Fournier, en baisse

Inondation moyenne

-Fleuve Saint-Laurent, au lac-Saint-Pierre, en baisse

-Lac des Deux Montagnes, Sainte-Anne-de-Bellevue, en baisse

-Lac Maskinongé, à Saint-Gabriel-de-Brandon, en baisse

-Lac Saint-Louis, à Sainte-Anne-de-Bellevue, en hausse

-Rivière des Prairies, à la tête des rapides du Cheval Blanc, en hausse

Inondation mineure

-Fleuve Saint-Laurent, à Montréal, près du boulevard LaSalle, en hausse

-Fleuve Saint-Laurent, à Lanoraie, en hausse

-Fleuve Saint-Laurent, à Bécancour, en hausse

-Fleuve Saint-Laurent, à Trois-Rivières, en hausse

-Fleuve Saint-Laurent, à Port-Saint-François, en baisse

-Fleuve Saint-Laurent, à Sorel, en baisse

-Lac Aylmer, au quai de Stratford, en hausse

-Lac Champlain, dans la baie Missisquoi à Saint-Armand, en hausse

-Lac Champlain, à Rouses Point, en baisse

-Lac des Trente et Un Milles, à Sainte-Thérèse-de-la-Gatineau, en baisse

-Lac Memphrémagog, à Memphrémagog, en hausse

-Rivière Désert, en amont de la chute Rouge, en hausse

-Rivière des Outaouais, à Ottawa au parc Britannia, en baisse

-Rivière du Diable, en amont du pont de la route 117, en baisse

-Rivière Richelieu, à Carignan, aux rapides Fryers, en hausse

-Rivière Richelieu, à Saint-Jean-sur-Richelieu, en baisse

-Rivière Saint-François, en aval du barrage Aylmer, en baisse

Rivières et plans d’eau sous surveillance

-Fleuve Saint-Laurent, à Cap-à-la-Roche, en hausse

-Fleuve Saint-Laurent, à Batiscan, en hausse

-Lac Louise, à Weedon, en baisse

-Lac Saint-Louis, à Pointe-Claire, en baisse

-Rivière Chaudière, en aval du barrage Mégantic, en baisse

-Rivière des Mille Îles, à Terrebonne, en baisse

-Rivière du Nord, en amont du pont du CN à Saint-Jérôme, en baisse

-Rivière du Nord, au pont de la route 148 à Lachute, en baisse

-Rivière L’Assomption, au pont-route 158 à Joliette, en baisse

-Rivière Madawaska, en aval du barrage Témiscouata, en hausse

-Rivière Maskinongé, au pont du CN près de Sainte-Ursule, en baisse

-Rivière Matawin, en aval du pont-route 131 à Saint-Michel-des-Saints, en baisse

-Rivière Noire, en amont du pont-route à Sainte-Émélie-de-l’Énergie, en baisse

-Rivière Richelieu, à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, en baisse

-Rivière Rouge, en amont de la chute McNeil, en baisse

-Rivière Saint-François, au lac Aylmer à Weedon, en baisse

-Rivière du Lièvre, en amont du pont-route 311 à Lac-Saint-Paul, en baisse