La «Charte des valeurs québécoises» devrait redevenir celle de la «laïcité». L'interdiction du port de signes religieux ostentatoires, limitée aux fonctionnaires investis du pouvoir de coercition de l'État, devrait être étendue aux enseignants, de la maternelle à l'université. Finalement, le crucifix devrait être déplacé, sorti de l'Assemblée nationale.

Dans une lettre ouverte, l'ancien premier ministre Bernard Landry y va de propositions d'amendements au projet du ministre Bernard Drainville qui devrait être déposé avant les Fêtes à l'Assemblée nationale.

Il souligne avoir des «réticences à ce que l'on connaît du projet gouvernemental». D'entrée de jeu, il n'a pas trouvé adéquat le nom proposé. «Les valeurs québécoises vont bien au-delà du projet qui, essentiellement, touche la laïcité qui devrait donner son titre à ce document» écrit-il.

Coïncidence: dans ses propositions, M. Landry rejoint exactement celles de l'ancien ministre Joseph Facal, devenu chroniqueur pour Québecor, qui proposait cette semaine une «piste d'atterrissage» pour le projet de Bernard Drainville.

Ses deux prédécesseurs, Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, approuvent la liste «Bouchard-Taylor» quant aux employés de l'État qui devraient s'astreindre à la neutralité religieuse la plus absolue - on parle des juges, des procureurs de la Couronne, des policiers et des gardiens de prison.

«Or, selon moi, [cette liste] est trop courte. Il faut y inclure d'autres personnes en autorité rémunérées par l'État, particulièrement les enseignants et les enseignantes», une position qui rejoint celle de la Coalition avenir Québec de François Legault.

Le sort du crucifix à l'Assemblée nationale paraît réglé. «Sur un point, le débat doit être clos, et il l'est pratiquement - c'est la fameuse question du crucifix à l'Assemblée nationale du Québec. Le lieu même où est proclamée la laïcité se doit d'être exemplaire à ce titre. Quand les évêques et les "femen" convergent, il est clair que la question est réglée», souligne M. Landry.

Pour lui, pas question de permettre des exceptions, un droit de retrait sur une base institutionnelle ou même géographique - le Québec doit être rassembleur de Ville de Saguenay à Ville de Mont-Royal», plaide-t-il.