Les trois plus grands syndicats de fonctionnaires fédéraux demandent au Conseil du trésor de négocier une nouvelle entente d’indemnisation pour leurs 260 000 membres, à cause des ratés du système de paie Phénix qui persistent.

Cela fait huit ans que ce système de paie a été implanté, censé permettre au gouvernement fédéral d’économiser 71 millions par année, en centralisant les services de la paie. Selon ces syndicats, il a coûté jusqu’ici « près de 3 milliards ».

Phénix a connu des ratés dès le départ : trop-payés qui devaient être remboursés, insuffisamment payés, voire pas payés pendant un certain temps. Ces ratés ont causé du stress, de l’anxiété, des ennuis financiers, voire des problèmes de santé à plusieurs victimes.

Quelque 380 000 fonctionnaires fédéraux sont touchés.

Les grands syndicats avaient négocié une entente avec le fédéral en 2019 et 2020 pour dédommager leurs membres aux prises avec les ratés de Phénix.

Par exemple, l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), le plus gros d’entre eux, avait négocié une somme forfaitaire de 2500 $ pour quatre années à titre de dédommagement pour ses membres.

Aujourd’hui, l’AFPC, l’Institut professionnel de la fonction publique ainsi que l’Association canadienne des employés professionnels demandent donc au Conseil du trésor fédéral de négocier une nouvelle entente de dédommagement, puisque les problèmes de paie persistent.

À Ottawa, la présidente du Conseil du trésor, Anita Anand, a assuré que son ministère « prend cet enjeu très au sérieux ». « Tous les fonctionnaires doivent avoir leur paie aussi tôt que possible », a-t-elle admis.

« Mon ministère parle et négocie avec les syndicats maintenant là-dessus », a-t-elle indiqué.

Arriéré et attente

Yvon Barrière, vice-président exécutif régional à l’AFPC pour le Québec, rapporte le cas d’un employé qui a passé sept mois sans paie, qui s’est fait saisir sa maison et qui a vu son dossier de crédit affecté. Un autre attend un paiement de 45 000 $ depuis 2017 ou 2018. Et à ces problèmes avec Phénix s’ajoutent maintenant des problèmes avec l’assureur Canada-Vie, a-t-il déploré.

L’arriéré de Phénix « dépasse maintenant les 444 000 mouvements de paie », relatent les syndicats.

« La période d’attente standard pour qu’un problème soit traité est passée à deux ans », a dénoncé Nathan Prier, président de l’Association canadienne des employés professionnels.

Ces syndicats ne peuvent chiffrer pour l’instant le montant du dédommagement qu’ils réclament au gouvernement fédéral. « Ça va être sur la table de négociation », et on veut que ça le soit « le plus tôt possible », a lancé Yvon Barrière. Il évoque tout de même « des montants importants ».

Les syndicats reviennent également à la charge avec leur demande d’obtenir une enquête indépendante sur ce système de paie, mis au point par IBM et acheté par le gouvernement de Stephen Harper, malgré les « drapeaux rouges » levés à l’époque par les syndicats, après que l’Australie eut éprouvé des problèmes avec Phénix.

Les trois revendiquent également l’embauche d’un plus grand nombre de conseillers pour traiter les dossiers en souffrance et ceux qui continuent de s’accumuler.