(Halifax) Une cheffe mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse a intenté une poursuite contre deux radiologistes d’Halifax, qui auraient effectué des examens médicaux sur elle et sur d’autres membres de sa communauté de Pictou Landing, sans leur consentement.

Dans une demande introductive d’instance, la cheffe Andrea Paul affirme qu’elle et d’autres membres de sa communauté avaient accepté en mars 2017 de subir des examens d’imagerie par résonance magnétique (IRM) au « QEII Health Sciences Centre » de Halifax dans le cadre d’un projet de recherche mené par l’Alliance canadienne pour la santé du cœur et de l’esprit.

La plainte, déposée devant la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse en juin 2020 et certifiée comme recours collectif le 7 février, allègue que la cheffe et 60 membres de la bande ont été soumis à des analyses « secrètes » supplémentaires de leur foie, sans leur consentement.

« La chef Andrea n’était pas au courant de l’étude sur les autochtones ni du fait qu’elle y participait, indique la déclaration. Les analyses IRM ont généré des données qui révèlent des informations médicales intimes sur son corps à son insu et sans son consentement. Elle avait été ciblée pour une seule raison : elle était Mi’kmaq. »

La poursuite désigne les radiologistes de l’Université Dalhousie, Robert Miller et Sharon Clarke, comme les défendeurs.

Aucune des allégations n’a été prouvée devant le tribunal, et l’avocat Harry Thurlow, qui représente les deux radiologistes, a déclaré lundi dans un courriel que ses clients ne commenteraient pas l’action en justice.

Au moment des tests d’IRM, M. Miller et Mme Clarke étaient également employés par la Nova Scotia Health Authority dans le département de radiologie du QEII Health Sciences Centre, indique la déclaration.

Mme Paul a pris connaissance des tests secrets le 21 juin 2018 et a ensuite rencontré les Drs Miller et Clarke, qui ont confirmé que les résultats non publiés avaient été partagés avec d’autres radiologues lors d’une conférence à Halifax, indique la poursuite. L’étude s’intitulait : « Résultats de l’IRM sur une maladie du foie dans une Première nation du Canada atlantique ».

La poursuite indique que Mme Paul s’est sentie trahie, violée et humiliée par ce qu’on lui a dit, connaissant la « longue histoire de soumission des peuples autochtones du Canada à des expériences médicales cruelles, y compris des études sur la famine chez les enfants ».

« La cheffe Andrea se sentait impuissante, vulnérable et victime de discrimination parce qu’elle était Mi’kmaq. En conséquence, elle a subi une perte de dignité et d’estime de soi. »

Entre autres choses, le procès allègue que les deux radiologistes sont responsables d’atteintes à la vie privée, d’actions imprudentes et de causes de détresse et d’angoisse. Tous deux sont également accusés de négligence, d’emprisonnement illégal et de coups et blessures pour avoir prétendument maintenu les participants à l’intérieur de l’espace confiné de l’appareil d’IRM plus longtemps qu’ils n’auraient dû.

De plus, les radiologistes sont accusés de ne pas avoir immédiatement informé les participants des problèmes de santé graves découverts lors des examens IRM supplémentaires.

« Malheureusement, il existe une longue histoire d’oppression des peuples autochtones au Canada, y compris de nombreux cas où des membres des communautés autochtones ont été soumis à des traitements médicaux et à des études contre leur gré et sans leur consentement », rappelle la poursuite.

« Il existe une méfiance historique et fondée sur des preuves à l’égard du système de santé. »