(Ottawa) Le Canada fait partie de 14 pays qui ont publié une déclaration pour faire part de leur préoccupation à l’égard des violences en Cisjordanie, appelant Israël à faire davantage pour mettre fin à la violence des « colons extrémistes » contre les Palestiniens.

« Nous condamnons fermement les actes violents commis par des colons extrémistes, qui terrorisent les communautés palestiniennes », peut-on lire dans le communiqué, publié vendredi dernier.

« Israël, en tant que puissance occupante, est tenu de protéger la population civile palestinienne en Cisjordanie », ajoute-t-il.

Les Nations unies affirment que la violence dans le territoire palestinien de Cisjordanie, occupé par Israël, a augmenté à un rythme sans précédent depuis que l’attaque du 7 octobre par des militants du Hamas a incité Israël à bombarder la bande de Gaza.

Les groupes armés vivant dans les colonies israéliennes, considérées comme illégales au regard du droit international, ont attaqué des centaines de fois des Palestiniens et forcé plus de 1200 d’entre eux à quitter leurs foyers. Le communiqué affirme également qu’il y a eu 343 attaques violentes depuis le début du mois d’octobre, qui ont tué huit civils palestiniens.

Le Canada s’est joint à l’Union européenne et à 13 pays, dont le Royaume-Uni, l’Australie et la France, pour publier vendredi une déclaration exhortant Israël à traduire en justice les responsables des attaques.

« L’incapacité d’Israël à protéger les Palestiniens et à engager des poursuites en justice contre les colons extrémistes a atteint un niveau sans précédent. Cette situation compromet la sécurité en Cisjordanie ainsi que dans la région et menace les perspectives d’une paix durable », indique le communiqué.

Il note qu’Israël s’est engagé le mois dernier à prendre des mesures contre les auteurs de violences, mais déplore le manque de « mesures proactives » pour tenir cette promesse.

Affaires mondiales Canada a publié la déclaration de vendredi sur son site web, mais ne l’a pas partagée sur les réseaux sociaux comme il l’a souvent fait pour d’autres déclarations communes avec des pays partageant les mêmes idées.

L’ambassade d’Israël à Ottawa n’était pas disponible dans l’immédiat pour commenter lundi, mais a précédemment déclaré qu’Israël faisait tout son possible pour répondre aux violences en Cisjordanie.

Dans une entrevue la semaine dernière, l’ambassadeur d’Israël au Canada a suggéré qu’Israël accorde plus de poids aux préoccupations internationales concernant ses politiques gouvernementales, y compris la violence en Cisjordanie, lorsqu’elles sont exprimées par des pays qui fournissent également plus de soutien. Il a donné l’exemple du déploiement de porte-avions par les États-Unis dans la région.

« Nous avons un gouvernement démocratiquement élu qui traite les problèmes, y compris la violence en Cisjordanie, au mieux de ses capacités. Il peut toujours y avoir des améliorations. Et je suis sûr qu’il doit y avoir des améliorations. Mais il y a un chemin à parcourir entre l’observation de la réalité et les commentaires sur ce à quoi elle devrait ressembler », a déclaré Iddo Moed le 13 décembre.

« Pour qu’Israël prenne ces commentaires au sérieux, je pense que d’autres pays doivent également montrer un réel intérêt et contribuer au bien-être, à la sécurité et à l’avenir d’Israël, comme l’a fait par exemple l’administration Biden. »

Le cabinet de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly n’a pas répondu à ces propos lundi.

L’agence humanitaire de l’ONU affirme que cette année a été la plus meurtrière pour les Palestiniens de Cisjordanie depuis qu’elle a commencé à enregistrer des victimes en 2005, en partie à cause des raids militaires et des frappes aériennes israéliennes. Israël a dit qu’il ciblait les militants dans le but d’empêcher la résistance armée à l’occupation de déstabiliser l’ensemble de la région.

Le Royaume-Uni et les États-Unis ont récemment imposé des interdictions de voyager aux colons israéliens extrémistes. Deux jours après que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé cette décision pour son pays, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a été questionné à savoir si le Canada emboîterait le pas.

M. Miller a déclaré aux journalistes que le Canada a tendance à aborder ces décisions sous l’angle des actes criminels en général, plutôt que de considérer un groupe de personnes comme inadmissible.

« Nous ne voulons pas que des personnes ayant commis des crimes, en particulier des crimes de cette nature flagrante, compte tenu du contexte géopolitique, entrent au Canada », a affirmé M. Miller le 7 décembre.

« Le Canada a généralement adopté une approche au cas par cas, mais c’est une information sur laquelle nous travaillons avec les États-Unis », a indiqué le ministre Miller.

Son bureau n’avait pas d’autres détails à ajouter lundi.