(Ottawa) Les services communautaires dans plusieurs villes canadiennes sont débordés par l’afflux de demandeurs du statut de réfugié.

En 2022, près de 92 000 demandeurs se sont installés au Canada. Quelque 70 000 autres se sont ajoutés depuis le début de l’année.

Allan Reesor-McDowell, le directeur général de Matthew House, une organisation qui vient en aide aux réfugiés, raconte que les conflits, la répression et la pauvreté ont provoqué une arrivée massive de migrants qui ne sont pas parrainés. Ceux-ci nécessitent une grande attention des services communautaires dans plusieurs grandes villes au pays, comme Toronto ou Ottawa. Ils occupent notamment une grande place dans les refuges pour les sans-abri.

Par exemple, il dit que ses 13 centres de transitions d’une capacité totale de plus de 90 lits affichent complet. Avant la pandémie, les réfugiés pouvaient y demeurer pendant une période de trois à quatre mois avant de s’installer dans une résidence permanente. Aujourd’hui, le séjour peut s’étendre jusqu’à six mois.

« Il est maintenant plus difficile de se trouver un logement », constate-t-il.

M. Reesor-McDowell déplore que le gouvernement ait longtemps négligé cette crise. Il réclame un meilleur financement pour les organisations qui se spécialisent dans les services aux nouveaux arrivants non parrainés. Il reproche au gouvernement d’avoir investi dans des solutions à court terme comme les chambres d’hôtel.

« Il n’y a rien de nouveau là-dedans, soutient-il. Si on ne s’occupe pas d’un problème qui vous guette depuis des années, il risque de vous sauter à la figure. »

Selon lui, les organisations comme la sienne sont la meilleure solution pour aider les réfugiés non parrainés quand ils arrivent au pays.

Elles aident ces nouveaux arrivants à obtenir de l’aide juridique, à obtenir un permis de travailleur et un emploi, à transiter vers un logement permanent et l’autonomie.

Le nombre de demandeurs arrivant au Canada n’est pas écrasant. On pourrait facilement s’en occuper si on donnait aux services communautaires les ressources nécessaires, affirme M. Reesor-McDowell.

« Ce n’est pas si compliqué. On sait déjà quoi faire. Nos programmes sont très efficaces et peu coûteux. Il faut accroître les capacités dans l’ensemble du pays. Et ça, ce n’est pas un problème. »

Selon Stéphanie Plante, une conseillère municipale d’Ottawa, une solution à court terme pourrait passer par les hôtels ou les appartements d’Airbnb. Elle croit qu’ils pourraient remplacer les centres communautaires qui servent actuellement de refuges temporaires en attendant de trouver des solutions à plus long terme.

Elle soutient que l’utilisation de tels centres dans les quartiers à faible revenu revient à retirer une ressource aux enfants.

« Nous sommes dans une position où nous devons favoriser des gens vulnérables au détriment de gens vulnérables. On assiste à une sorte de concurrence pour des ressources limitées dans ces secteurs. »

Mais à long terme, Mme Plante croit qu’une solution à long terme consiste à ne plus laisser la bureaucratie s’interférer dans le processus. Elle propose que les bureaux gouvernementaux vacants soient transformés en logements et que des incitatifs soient offerts aux promoteurs pour construire des immeubles dans d’anciens secteurs industriels, dans d’anciennes usines ou sur des terrains autrefois contaminés.

« Je veux voir des grues dans le ciel, je veux voir des gens travailler. Je veux les voir frapper du marteau. Je veux voir des constructions. »