(Ottawa) Le Canada veut profiter de la fenêtre qui s’est ouverte au Soudan avec un cessez-le-feu pour évacuer ses ressortissants du pays en crise. Des rapatriements se feront par voie aérienne, et deux navires militaires se trouvent dans les eaux côtières soudanaises. Le nombre de personnes évacuées, environ une centaine, n’a toutefois pas évolué au courant de la journée de mardi.

L’opération n’est pas sans péril, a tenu à préciser le premier ministre Justin Trudeau en arrivant au parlement pour la rencontre de son cabinet, mardi matin. « C’est évidemment une situation très difficile. […] Il y a un nombre limité d’endroits où des ponts aériens sont possibles », a-t-il expliqué.

Sur le front maritime, le Canada a également « une couple de navires en mer Rouge, à Port-Soudan, une frégate et un navire de ravitaillement », a-t-il ajouté. Après lui, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s’est arrêtée au micro des journalistes pour fournir d’autres détails.

« Nous allons procéder à l’évacuation civile. Nous voulons profiter de l’opportunité que le cessez-le-feu nous permet. Par conséquent, nous travaillons avec les Forces armées canadiennes sur cette question-là », a-t-elle affirmé.

Situation « volatile »

La ministre a indiqué que le nombre de Canadiens évacués du Soudan était passé à une centaine, notamment grâce à l’aide de la France. Les inscriptions au registre des Canadiens se trouvant au Soudan s’établissaient à 1700 mardi matin – 573 de ces personnes ont réclamé une forme d’aide à Ottawa, a précisé la ministre.

« Ils [les 1700] ont tous et toutes été contactés. Si vous avez de la famille au Soudan, s’il vous plaît, dites-leur d’aller sur le site web d’Affaires mondiales et de s’enregistrer, car on va les rejoindre », a-t-elle insisté, en ajoutant qu’une cellule de crise de 100 personnes planche sur l’opération d’évacuation.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Anita Anand, ministre de la Défense nationale

Malgré cet appui logistique, il peut être très difficile de se frayer un chemin jusqu’à un lieu de rendez-vous en raison de la « volatilité de la situation » sur le terrain, a précisé à son tour la ministre de la Défense nationale, Anita Anand.

« C’est évidemment une décision personnelle de se rendre ou pas à un aéroport, a-t-elle soutenu. Mais ce que nous essayons de faire en tant que gouvernement, c’est d’aider quiconque a demandé une assistance, et c’est ce que nous avons été en mesure de faire en traitant méthodiquement les demandes. »

« Résolution permanente »

La ministre Joly a négocié avec des pays frontaliers comme l’Égypte, le Kenya et l’Éthiopie pour faciliter le passage des Canadiens. « J’aimerais remercier l’Allemagne, la France, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, qui nous ont aidés jusqu’à présent à évacuer environ 100 Canadiens du Soudan », a-t-elle souligné.

Mais à plus long terme, il faudra une solution diplomatique au conflit qui a mis le pays à feu et à sang. « Il faut trouver une résolution permanente », a-t-elle fait valoir. Les hostilités entre les deux forces armées ont fait des centaines de morts depuis l’éclatement du conflit, le 15 avril dernier.

Selon l’Agence France-Presse, le cessez-le-feu de 72 heures a été généralement respecté à Khartoum, mardi, même s’il y a eu des tirs. Les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo et l’armée du général rival Abdel Fattah al-Burhane se sont mutuellement accusés d’avoir rompu la trêve.

« C’est très difficile »

La paix, c’est aussi ce que souhaite Imad Satti, de l’Association des communautés soudanaises au Canada. Parmi les membres de sa famille qui sont au Soudan, certains se terrent en attendant une accalmie, tandis que d’autres ont trouvé refuge dans des villes soudanaises plus sûres.

« J’arrive à en rejoindre certains, mais pas tous, alors je ne sais pas exactement ce qui se passe. C’est très difficile », explique au téléphone l’homme d’Edmonton, qui se dit « satisfait » des efforts déployés par le gouvernement canadien jusqu’à présent.

En compagnie d’autres représentants de la communauté soudano-canadienne, lundi soir, il a fait le point avec la ministre Joly. Il a demandé d’aider financièrement certains étudiants soudanais qui sont au Canada et qui ne peuvent rentrer, et de ne pas entraver le retour au Canada de Soudanais résidents permanents.