(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’avoir une personne autochtone comme prochain commissaire de la GRC serait « une excellente idée », mais il a prévenu de ne pas croire qu’une telle désignation serait suffisante pour régler les problèmes de la police fédérale.

Il a fait ce commentaire en réponse aux questions des journalistes à Winnipeg vendredi au sujet d’un appel de certains dirigeants des Premières Nations demandant au gouvernement de s’assurer que la prochaine personne à la tête de GRC soit autochtone.

« Je crois que c’est une excellente idée, a dit M. Trudeau. De voir de plus en plus de leadership autochtone dans les systèmes et les institutions à travers le pays, nous devrions absolument nous attarder à plus de diversité. »

Néanmoins, M. Trudeau a dit que la prochaine personne qui prendra les fonctions de commissaire de la GRC sera sélectionnée par un processus indépendant, dont les détails n’ont pas encore été annoncés.

« Nous allons toujours chercher à nous assurer que la diversité du Canada dans son ensemble et la représentation autochtone font partie de nos considérations. »

M. Trudeau a fait de la réconciliation l’une de ses principales priorités depuis son entrée en fonction en 2015. En plus de dépenser des milliards dans diverses initiatives, il a nommé la première gouverneure générale autochtone, en la personne de la leader inuite Mary Simon.

Son cabinet a aussi confirmé la juge Michelle O’Bonsawin, membre abénakise de la Première Nation Odanak, comme la première juge autochtone à la Cour suprême du Canada.

La commissaire de la GRC, Brenda Lucki, doit prendre sa retraite ce mois-ci, un peu avant la fin de son mandat de cinq ans.

Elle a été nommée en avril 2018 et a dirigé la police fédérale pendant quelques années chaotiques qui ont compris la fusillade de masse la plus meurtrière de l’histoire moderne du Canada, ainsi que des appels croissants au « définancement » de la police et des allégations de racisme systémique au sein de la GRC.

Lorsqu’elle a été nommée, Mme Lucki est devenue la première femme à occuper ces fonctions de façon permanente.

Le corps policier, qui souligne ses 150 ans en mai, a fait face à des critiques à l’égard de ses relations historiques et présentes avec les populations autochtones. La GRC est le corps policier principal pour plusieurs communautés de Premières Nations, d’Inuits et de Métis par l’entremise d’ententes contractuelles avec les provinces et territoires.

Des agents ont fait l’objet d’allégations selon lesquelles ils n’ont pas enquêté de manière appropriée ou n’ont pas pris au sérieux les disparitions et les décès de femmes et de filles autochtones au Canada.

En 2018, Mme Lucki a présenté des excuses aux familles de certaines femmes qui ont fait partie d’une enquête sur la question, disant que « pour beaucoup d’entre vous, la GRC n’a pas été à la hauteur durant ces terribles moments ».

Dans une série d’entrevues dans les médias en juin 2020, Mme Lucki a affirmé qu’elle avait du mal avec la définition du racisme systémique, ce qui lui a valu de vives critiques de la part même de leaders autochtones, qui ont souligné qu’elle avait promis d’améliorer les relations avec leurs communautés.

Par la suite, elle avait dit dans une déclaration écrite qu’elle aurait dû reconnaître de façon plus assumée que le racisme systémique existe dans les rangs de la GRC.

Vendredi, M. Trudeau a souligné que de choisir un responsable autochtone pour diriger la GRC ne réglerait pas en soi les problèmes de la police fédérale.

« Nous devons comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de placer la bonne personne à la tête d’une organisation pour réaliser le changement systémique nécessaire, a-t-il déclaré. Il y a un travail colossal sur les structures dans nos institutions, incluant la GRC, pour s’assurer que la force entière, que le système en entier, respecte pleinement les populations autochtones, et la diversité. »

Un rapport interne sur les avancées de la GRC en matière de réconciliation dévoilé en 2022 soulignait ses difficultés à recruter et à maintenir des membres autochtones dans ses rangs.

Le rapport a montré que la représentation autochtone avait glissé à 7 % en 2020, par rapport à 8 % en 2010.