La croissance démographique se poursuit dans presque toutes les régions de la province, montrent de nouvelles données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Même à Montréal, le rythme semble repartir à la hausse, quoiqu’à des niveaux encore nettement plus faibles qu’avant. Sur la Côte-Nord, le déclin se poursuit toutefois.

Faible hausse à Montréal

La métropole a vu sa population augmenter « d’environ 14 000 personnes en 2021-2022, ce qui équivaut à un taux d’accroissement de 6,9 pour mille », lit-on dans le rapport de l’Institut. On y explique que « ce taux est faible comparativement à celui de plusieurs régions et contraste avec les niveaux de croissance élevés que Montréal affichait avant la pandémie ». Néanmoins, cette hausse « marque une reprise de la croissance après le fort ralentissement de 2019-2020 et le déclin de 47 000 personnes en 2020-2021 ». « Quatorze mille personnes, si on compare au reste du Québec, effectivement, c’est relativement faible. Mais les années prépandémiques étaient exceptionnelles à Montréal, avec une croissance très élevée. La métropole agissait vraiment comme une locomotive pour toute la province », explique la démographe Martine St-Amour.

Perte de la métropole au profit des régions

Cela dit, Montréal perd encore des résidants au profit des autres régions, avec des pertes nettes de « 34 500 personnes dans ses échanges migratoires » avec le reste de la province en 2021-2022. Si ce déficit demeure « l’un des plus importants enregistrés » depuis 2001, il est toutefois « moindre que le déficit record de 48 300 personnes de 2020-2021 ». Une chose demeure : la métropole a accueilli un nombre de résidants permanents plus élevé qu’au cours des dernières années. L’ISQ anticipe que Montréal perdra des résidants au profit des régions jusqu’en 2041. Le cabinet de la mairesse Valérie Plante, lui, demeure optimiste. « Nous sommes très fiers des résultats de cette étude qui démontre que nos efforts pour attirer et garder la population à Montréal portent leurs fruits », a réagi l’attachée de presse du cabinet, Marikym Gaudreault.

Hausse « particulièrement marquée » à Québec

Dans la Capitale-Nationale, c’est un tout autre portrait : près de 11 000 personnes se sont ajoutées à la population, une croissance qui surpasse même celle des années prépandémiques. « 2021-2022, c’est l’année de la reprise. Et c’est le cas de la Capitale, clairement, qui a augmenté ses gains face aux autres régions. Pour le reste, comme on le voit pour Montréal, il y a aussi eu une hausse des gains migratoires internationaux », illustre Mme St-Amour. D’ailleurs, avec Laval, la région de Québec est la seule à avoir vu une amélioration de son bilan migratoire interne, ayant même « augmenté ses gains » encore plus significativement. L’Outaouais et la Montérégie affichent aussi des bilans enviables en la matière.

La palme aux Laurentides, à l’Estrie et à Lanaudière

Ce sont les régions de Lanaudière, des Laurentides et de l’Estrie qui ont vu leur population augmenter au rythme le plus fort en 2021-2022, avec un taux d’accroissement moyen d’environ 16 personnes pour mille habitants, un chiffre encore toutefois moindre qu’en 2020, avant le choc pandémique. Lanaudière s’en tire particulièrement bien, avec une croissance de pratiquement 1,7 % de sa population en un an seulement. Dans cette région, la population est particulièrement jeune, avec 22,4 % de moins de 20 ans, l’un des taux les plus élevés au Québec. « Il faut aussi comprendre que dans le cas de ces régions, ce sont surtout des gains importants qui sont faits par rapport à Montréal. Mais il y a aussi l’accroissement naturel positif – donc l’écart entre les naissances et les décès – qui joue pour beaucoup », analyse la démographe.

La Côte-Nord, encore grande perdante

Si ça monte presque partout, ça descend dans une seule région de la province : la Côte-Nord, qui subit une baisse, quoique faible, de 0,13 % de sa population, ce qui correspond à une diminution d’environ une centaine d’habitants. « Depuis 2001, la population de cette région a diminué presque chaque année. La Côte-Nord a pratiquement toujours perdu des résidants au profit des autres régions et la migration internationale n’y joue pas un rôle important. Surtout, sa population vieillit rapidement et les naissances sont en baisse », constate Martine St-Amour. Les chiffres sont sans appel : la Côte-Nord « enregistre pour la première fois en 2021 plus de décès que de naissances », l’accroissement naturel étant actuellement de - 45 personnes.

La tendance se poursuit dans Chaudière-Appalaches

La Mauricie et Chaudière-Appalaches ont profité depuis quelques années d’une croissance démographique qui s’est accélérée, une tendance qui s’est poursuivie en 2021-2022. Le taux d’accroissement de ces régions a dépassé 13 pour 1000 habitants. Or, la poussée démographique n’a pas été aussi importante au Saguenay–Lac-Saint-Jean et dans le Bas-Saint-Laurent, mais elle s’intensifie depuis quelques années après une période de déclin. La région de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, quant à elle, s’est maintenue parmi les régions en croissance.

Avec La Presse Canadienne