(Ottawa) De 100 à 150 membres des Forces armées canadiennes se rendront en Pologne pour appuyer les autorités du pays à accueillir les Ukrainiens qui fuient la guerre. Pendant ce temps, le Kremlin mène une campagne de « désinformation » sur les soldats canadiens.

Ce qu’il faut savoir

  • Environ 100 des 150 soldats partiront au cours des prochains jours.
  • Ils appuieront les forces armées polonaises dans l’accueil de réfugiés ukrainiens.
  • Le gouvernement suit de près la propagande russe contre les soldats canadiens.
  • L’ambassade de Russie au Canada accuse Ottawa d’être un laquais de Washington.
  • La vice-première ministre Chrystia Freeland parle à son tour de génocide en Ukraine.

Les militaires seront déployés un peu partout en Pologne ; la majorité d’entre eux appuieront les efforts de prise en charge, de traitement et de réinstallation des Ukrainiens, tandis que d’autres se joindront à une force opérationnelle militaire polonaise, a annoncé jeudi la ministre de la Défense nationale, Anita Anand.

« Cet effort humanitaire est requis en Pologne immédiatement », a-t-elle affirmé en conférence de presse à la base militaire de Trenton, en Ontario. Les militaires viendront principalement d’Edmonton, en Alberta, et de Kingston, en Ontario, et ils partiront dans les prochains jours, a-t-elle précisé.

Les soldats, dont certains maîtrisent l’ukrainien, fourniront du soutien, des soins médicaux de base, de l’aide en santé mentale et des services spirituels. Le déploiement, d’une durée initiale de deux mois, se fait dans le cadre de l’opération Réassurance, à laquelle le Canada contribue comme pays membre de l’OTAN.

La Pologne est le pays limitrophe de l’Ukraine où s’est rendue le gros de la population qui fuit la guerre. Plus de 2,6 millions de personnes ont franchi la frontière entre les deux pays depuis le début de l’invasion russe, le 24 février dernier.

Plus de 11 000 Ukrainiens, membres de leur famille et résidents permanents canadiens sont venus au Canada depuis le début de l’offensive de Moscou. En date du 6 avril, près de 120 000 demandes d’autorisation de voyage d’urgence ont été déposées, et quelque 32 000 ont été approuvées.

Les soldats et la propagande russe

La ministre Anita Anand a préféré ne pas s’étendre sur les informations voulant que le Kremlin instrumentalise des soldats canadiens dans ses efforts de propagande, comme en a fait état mercredi le Centre de la sécurité des télécommunications (CST).

Dans une enfilade publiée sur Twitter, l’agence de renseignement étranger a prévenu que la Russie menait ces campagnes de désinformation par l’entremise de « médias contrôlés » qui ont « diffusé de fausses histoires » sur les alliés de l’OTAN, dont le Canada.

« Ces faussetés comprenaient des images altérées des membres des Forces armées canadiennes en Ukraine [dans la région du Donbass] et de fausses allégations selon lesquelles les forces canadiennes commettaient des crimes de guerre », a précisé le CST.

Cela augmente-t-il le niveau de risque auquel s’exposent les militaires ? À cette question d’un journaliste, la ministre a répondu que la menace faisait l’objet d’une « surveillance constante ». Le gouvernement, a-t-elle ajouté, est convaincu que cette mission en Pologne est nécessaire, car elle est « dans l’intérêt de l’OTAN ».

L’ambassade s’en prend au cabinet Trudeau

Au lendemain de l’utilisation, par le premier ministre Justin Trudeau, du terme « génocide » pour qualifier la situation en Ukraine, l’ambassade de Russie à Ottawa y est allée d’une nouvelle bravade sur son compte Twitter.

Lisez l’article « “On peut de plus en plus parler de génocide”, dit Trudeau »

Il ne faut pas s’étonner de ce que le Canada dit au sujet de [la Russie], ni prendre cela au sérieux, quand on sait que la politique étrangère du cabinet libéral est subordonnée aux intérêts [des États-Unis] et du lobby ukrainien du Canada.

L’ambassade de Russie à Ottawa, dans un tweet

La vice-première ministre Chrystia Freeland a fait écho aux propos du premier ministre Trudeau, jeudi.

« C’est approprié d’utiliser le mot génocide. Il y a évidemment un aspect légal, et c’est aux avocats, aux cours de justice, aux juges, de travailler sur cet aspect très technique. Mais [sur le plan] politique, [sur le plan] moral, oui, c’est un mot approprié à utiliser », a-t-elle dit à Calgary, où elle se trouvait pour parler du budget fédéral.

Le ministère des Affaires étrangères de Russie a sanctionné mercredi 87 sénateurs canadiens. Il y a un mois, le Kremlin avait fermé les portes de la Russie à Justin Trudeau et à la majorité des élus de la Chambre des communes en représailles face aux sanctions décrétées par Ottawa.

Lisez l’article « Le Kremlin ferme les portes de la Russie à Trudeau »