À deux semaines du début du procès de fraude et abus de confiance en lien avec le Faubourg Contrecoeur, le juge Yvan Poulin a refusé de se récuser comme le demandait l'un des accusés, l'ex-collecteur de fonds politiques Bernard Trépanier.

C'est ce que le juge a annoncé, lundi après-midi, quand il a tranché la requête en récusation, présentée par Me Daniel Rock, avocat de Trépanier. La requête stipulait que le juge Poulin avait un préjugé défavorable à son endroit, dû au fait qu'ils avaient croisé le fer dans un dossier, du temps où le juge Poulin était procureur de la Couronne. Me Rock représentait Giuseppe De Vito, (Ponytail), un des accusés de l'opération Colisée. En 2008, Me Rock et d'autres avocats ont été épiés et filés par la police, parce qu'on les soupçonnait de servir de lien entre de Vito et des policiers qui, prétendument, renseignaient le mafieux. Me Poulin était au courant de cette surveillance.

Le juge trouve pour sa part qu'il est parfaitement apte à faire son travail et refuse de laisser sa place. C'est une perception subjective de Me Rock, évalue le juge. 

Il est à noter qu'aucun des sept autres accusés ne demandait la récusation du juge Poulin. 

Le procès doit commencer le 8 février, et réunira, aux côtés de M. Trépanier, Frank Zampino, ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, l'entrepreneur Paolo Catania, et son entreprise, ainsi que quatre coaccusés. La Couronne compte appeler plus de 60 personnes à la barre, pour étayer sa preuve. Le Faubourg Contrecoeur est un vaste projet immobilier dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Le ministère public allègue que l'entreprise Construction F. Catania a été favorisée pour obtenir le contrat de 300 millions $. En retour, des bénéfices auraient été versés à un élu et un fonctionnaire.