La famille d’un homme mort en vacances à Cuba, qui a découvert avec stupeur qu’on a rapatrié au pays le corps d’un autre défunt, interpelle la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, l’implorant de tout faire pour l’aider à retrouver la dépouille de Faraj Allah Jarjour.

« On n’a pas eu de réponse. Il est où ? Est-ce qu’il est à Cuba ? Est-ce qu’il n’est pas à Cuba ? On ne sait pas », s’insurge la fille de Faraj Allah Jarjour, Miriam.

« Moi, j’ai payé tout ce qu’on m’a dit. J’ai fait tout ce que je devais faire pour avoir le corps et à la fin je ne l’ai pas eu. »

Depuis vendredi, date à laquelle la famille a été mise au courant de l’échange, Karam, Miriam et leur mère sont dans l’ignorance et affirment ne recevoir aucun soutien des autorités canadiennes.

Affaires mondiales Canada assure avoir des échanges réguliers avec la famille, ce que dément cette dernière. Miriam Jarjour affirme avoir toujours été à l’origine des appels et des courriels « toujours sans résultat ni réponse ».

« Il y a juste la députée de Laval [Annie Koutrakis] qui m’a appelée. Elle m’a dit : “On va essayer de faire le maximum, on va parler avec le ministère des Affaires étrangères pour voir ce qu’on peut faire” », développe-t-elle.

« Mon équipe et moi-même sommes en contact direct avec la famille et continuerons à offrir notre soutien jusqu’à ce que les restes de leur père et de leur mari soient rapatriés, a confirmé la députée. Affaires mondiales Canada travaille en étroite collaboration avec les autorités cubaines pour rapatrier rapidement la dépouille de M. Jarjour afin de mettre un terme à cette situation comme cette famille le mérite. »

Pour l’instant impuissants, les proches de Faraj Allah Jarjour lancent un appel à l’aide. « Moi, je suis détruite honnêtement. J’essaye de contacter les médias, peut-être qu’il y a quelqu’un qui va m’aider en envoyant un message à Mélanie Joly. Peut-être qu’elle va nous aider », ajoute Miriam Jarjour.

Des vacances tragiques

C’est le 22 mars dernier, en vacances à Cuba, que Faraj Allah Jarjour est décédé d’une crise cardiaque alors qu’il se baignait en mer avec sa fille, Miriam. « J’ai commencé à crier pour que tout le monde vienne m’aider », témoigne-t-elle.

Sans assistance médicale, la famille a allongé le corps du sexagénaire sur la plage avant que son fils, Karam, ne vienne lui prodiguer les premiers soins. C’est seulement 45 minutes plus tard qu’une médecin est venu à leur secours. « Quand elle est arrivée, elle m’a dit qu’il était décédé », ajoute-t-elle.

Pendant plus de huit heures, jusqu’à minuit, le corps du père de famille est resté étendu sur une chaise longue, sous le soleil, avant qu’un véhicule ne vienne le conduire à l’hôpital de La Havane.

Miriam Jarjour affirme ensuite avoir contacté le consulat pour commencer les procédures de rapatriement du corps. « Quand je me suis présentée là-bas, elle m’a dit : “Nous, on ne peut rien faire, tu dois retourner au Canada et appeler le numéro que je te donne avec ce courriel parce que vous devez payer 10 000 $ pour transporter le corps.” »

Le mauvais corps

Après plusieurs semaines d’attente, la famille a finalement reçu vendredi un appel de la maison funéraire. « Ils ont dit qu’ils avaient bien reçu le corps et qu’ils allaient l’emmener au laboratoire pour le préparer. J’ai dit : “Ok, mais est-ce qu’on peut avoir des photos pour voir si c’est vraiment le corps de mon père ?” » La maison funéraire a refusé, précisant qu’il fallait d’abord que le corps soit préparé.

C’est quelques heures plus tard que le fils, Karam, est recontacté par la maison funéraire. « Ils ont demandé si notre père avait des cheveux, un tatouage, s’il venait de Santa Lucia, mais non », raconte Miriam. C’est à ce moment que la famille a réalisé que ce n’était pas le bon corps.

Annie Koutrakis, députée de la circonscription de Vimy, a ensuite informé la famille du fait que le corps de l’inconnu avait pu être identifié. Il s’agit d’un homme de nationalité russe dont la dépouille a rapidement pu être renvoyée dans son pays.

Reste maintenant à savoir où se trouve celle de Faraj Allah Jarjour. « Je me demande s’ils ne l’ont pas brûlé à Cuba », se questionne sa fille.