(Ottawa) Plus d’une centaine de personnes en deuil ont offert des prières et des appels à la solidarité et à la compassion, dimanche, lors des funérailles d’une famille sri lankaise tuée dans l’un des pires massacres de l’histoire d’Ottawa.

Des dizaines de personnes se sont rassemblées au Centre des congrès Infinity pour assister au service multiconfessionnel organisé à la mémoire des six personnes, dont quatre enfants, qui ont été retrouvées mortes le 6 mars dans une maison de ville du quartier Barrhaven, au sud d’Ottawa.

Ajahn Viradhammo, un moine bouddhiste qui a pris la parole lors des funérailles, a demandé aux personnes qui sont en deuil partout dans le monde de se concentrer sur le soutien mutuel, au lieu de sombrer dans le désespoir ou la colère.

« Nous, dans la région d’Ottawa, sommes dans l’œil de cette tempête, mais nous reconnaissons que son impact se fait sentir partout dans le monde », a-t-il affirmé.

PHOTO PATRICK DOYLE, LA PRESSE CANADIENNE

Des gens se recueillent devant les photos des victimes de la tuerie d’Ottawa.

« C’est dans ces moments sombres que nous devons tirer notre force de la compassion et de la sagesse qui sont au cœur de la foi. Nous nous rassemblons, liés par notre humanité commune et notre engagement inébranlable envers la compassion. »

Les victimes de l’attaque sont Darshani Ekanayake, âgée de 35 ans, ses quatre enfants, âgés de deux mois à sept ans, ainsi qu’un ami de la famille. Son mari, Dhanushka Wickramasinghe, qui est aussi le père des enfants, a été transporté à l’hôpital pour des blessures aux mains et au visage.

M. Wickramasinghe a été vu en train de pleurer lors de la cérémonie, les mains jointes en prière, entouré de membres de sa famille. L’homme avait demandé vendredi que l’on respecte son intimité, afin qu’il puisse vivre ce moment important en toute quiétude, mais il a ajouté qu’il était reconnaissant pour soutien du public depuis la mort de ses proches.

Cinq cercueils se trouvaient à l’avant de la salle, dont trois plus petits blancs et deux plus grands en bois, dont l’un contenait des photos encadrées de Mme Ekanayake et de son bébé.

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Lors de la cérémonie, des enregistrements audio de l’épouse et de la fille de Gamini Amarakoon Amarakoon Mudiyanselage, l’ami de la famille qui a également été tué, ont été diffusés. Ses proches au Sri Lanka n’ont pas pu faire le voyage jusqu’au Canada pour les funérailles.

« Les souvenirs que nous avons seront toujours dans nos cœurs et je suis certaine que cela nous aidera à vivre le reste de notre vie », a mentionné l’épouse de M. Mudiyanselage, Dishani Asangika Fernando, dans l’enregistrement.

« Tu étais là-bas (au Canada) dans l’espoir de donner un bel avenir à nos enfants, mais tous nos rêves se sont évanouis d’une manière à laquelle nous n’aurions jamais pensé. »

L’une des filles de M. Mudiyanselage, Aheri, a remercié son père d’avoir été un « père extraordinaire ». Sur l’enregistrement, elle a aussi chanté une chanson qui a fait couler les larmes sur bien des visages dans la salle.

Le service a pris la forme d’un rituel bouddhiste, auquel ont été ajoutées des réflexions de prédicateurs de diverses religions, qui ont prié pour que les proches des victimes aient la force de poursuivre leur vie. Un prêtre catholique a demandé la guérison des familles et de la communauté, tandis qu’un représentant musulman a parlé de travailler ensemble pour prévenir la violence.

« Nous sommes ici pour vous offrir notre soutien, notre amour et notre solidarité inébranlable alors que vous traversez cette épreuve vraiment sombre et difficile », a mentionné Al Hafil Arshad Auff.

Des dignitaires de plusieurs ordres de gouvernement ont appelé à l’unité dans leurs commentaires pendant et après les funérailles. Dans une courte déclaration, le premier ministre Justin Trudeau a exprimé ses condoléances et a dit espérer que le soutien de la communauté atténuera la douleur à laquelle les proches des victimes sont confrontés.

« Nous devons continuer à serrer dans nos bras ces deux familles », a affirmé le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, lors d’une mêlée de presse.

« Ils auront tant de jours difficiles devant eux et tant de défis. »

Une arrestation

Les membres de la famille Wickramasinghe étaient de nouveaux arrivants au Canada. Le plus jeune membre de la famille était d’ailleurs né en sol canadien.

Rencontrée sur place, Shiroma Wijesekera a indiqué qu’elle ne connaissait pas la famille, mais qu’elle souhaitait lui montrer son soutien après avoir entendu parler de l’attaque, qu’elle a qualifiée d’insupportable.

« Chaque jour, je pense à eux, je vois les photos. Tout ce que je peux voir, ce sont les petits visages », a soupiré Mme Wijesekera après les funérailles.

Elle a remarqué que de nombreux Sri Lankais vivant à Ottawa étaient présents, quelle que soit leur foi.

« En tant que communauté, en tant que Sri Lankais, tout le monde a ouvert son cœur pour les soutenir de toutes les manières possibles », a-t-elle observé.

La police a arrêté un Sri Lankais de 19 ans le soir de l’attaque. Six chefs d’accusation de meurtre au premier degré et un chef de tentative de meurtre ont été portés contre lui.

Selon la police d’Ottawa, Febrio De-Zoysa était un étudiant international qui vivait avec la famille au moment de leurs décès.

L’avocat de M. De-Zoysa, Ewan Lyttle, a indiqué que son client était en détention préventive et que sa famille était « manifestement très bouleversée » par ces allégations.