« Personne ne mérite de se faire harceler et défigurer. D’avoir peur de perdre son visage », souffle Cassandra*. Cette Montréalaise, comme quatre autres femmes, a vécu l’horreur aux mains d’un prédateur sexuel extrêmement violent. Le jeune étudiant étranger a été condamné lundi à trois ans de détention et sera expulsé du Canada.

« C’est l’un des pires cauchemars des femmes de se faire attaquer de cette façon. Monsieur est venu au Canada pour une meilleure vie ici et finalement il agit en tant que prédateur », a fait valoir la procureure de la Couronne MAnnabelle Sheppard en présentant la suggestion commune de peine au palais de justice de Montréal.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

MAnnabelle Sheppard, procureure de la Couronne

Le prédateur, El Mehdi Badi, est un Marocain de 21 ans venu étudier le design au Québec l’an dernier.

Une nuit d’avril, le rôdeur a agressé pas moins de cinq femmes dans les rues du centre-ville de Montréal seulement entre 4 h et 7 h du matin. Il se cachait dans l’ombre et sautait sur ses proies. Il a plaidé coupable à plusieurs chefs d’accusation en décembre dernier.

Cette nuit-là, El Mehdi Badi avait été repoussé par plusieurs femmes qu’il tentait de draguer. Il voulait donc se « défouler » après avoir été expulsé d’un bar en fin de soirée. Ses premières proies sont d’ailleurs deux employées de ce bar. En agressant Fanny*, l’assaillant la mord très fort au visage, l’un de ses sordides modus operandi. Son amie a alors réussi à le repousser en lui insérant ses doigts dans les yeux.

Fanny* a été « profondément affectée » par cette agression. Dans une lettre lue à la cour par la procureure, la victime souligne à quel point cela a été traumatisant pour elle. Elle évoque de profondes conséquences psychologiques et une peur persistante.

Quatre autres victimes

Quelques minutes plus tard, le prédateur s’en prend à une autre femme quelques rues plus loin. Quand la femme repousse l’insistant inconnu, ce dernier réplique en lui assénant plusieurs coups de poing au visage. Il fait ensuite une prise d’encolure (chokehold) à sa victime et la tire vers une ruelle. La femme réussit toutefois à s’échapper.

El Mehdi Badi a le temps d’agresser deux autres femmes avant de s’en prendre à Cassandra, sa dernière victime. L’agression est particulièrement violente. « Tu aimes cela, tu cherches cela », lui lance El Mehdi Badi quand elle tente de le repousser. La femme a subi deux commotions cérébrales. Elle pensait mourir à ce moment.

« J’ai été défigurée parce qu’il a tenté de m’arracher la lèvre avec ses dents », lance Cassandra, à la barre des témoins, en dévisageant son bourreau dans le box. Impassible, le jeune homme fixait le sol en silence.

Depuis cet évènement « très traumatisant », Cassandra n’est plus la même. « Il y a la Cassandra d’avant et celle d’après », résume-t-elle. Depuis quelques mois, elle confie avoir « peur de mourir » quand elle croise un étranger dans la rue.

Cassandra a conclu son témoignage en saluant le travail des policiers et du système judiciaire.

Profil troublant

El Mehdi Badi présente un profil très troublant. Selon les rapports, son risque de récidive se situe au-dessus de la moyenne.

On parle d’agression sexuelle avec violence, de cinq victimes dans une séquence. […] C’est très préoccupant.

Me Annabelle Sheppard, procureure de la Couronne

Cependant, le jeune âge de l’accusé et sa reconnaissance de culpabilité font partie des facteurs atténuants.

Le juge André Perreault a entériné la suggestion commune des avocats et a ainsi imposé au jeune Marocain une peine de 39 mois de prison, dont il lui reste deux ans à purger, puisqu’il est détenu depuis son arrestation.

Comme il était au Canada en vertu d’un permis d’études, El Mehdi Badi sera fort probablement expulsé du pays dès la fin de sa peine, puisqu’il sera visé par une mesure d’expulsion sans appel. Les services d’immigration lui imposeront ensuite une interdiction de séjour à vie au pays.

Le juge Perreault a tenu à souligner le courage des victimes à la fin de l’audience. « Je suis particulièrement impressionné », a-t-il dit.

*Prénoms fictifs pour protéger leur identité