Deux individus reconnus coupables du meurtre prémédité d’un membre de gang devront purger au moins 25 ans avant d’avoir droit à une libération conditionnelle.

Condamnés pour le meurtre de Frantz Louis, commis en novembre 2020 à Montréal, Emanuell Hunte Roberts et Andrew Thomas Labrèche contestaient en Cour supérieure la constitutionnalité de cette période d’admissibilité de 25 ans, arguant qu’elle portait atteinte à la Charte des Droits et Libertés, particulièrement au droit contre les actes cruels et inusités.

Leurs avocats ont plaidé que la peine obligatoire pour meurtre au premier degré (perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans) est disproportionnée par sa durée et incompatible avec la dignité humaine.

PHOTO COURTOISIE

Andrew Thomas Labrèche.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE DEVANT LE TRIBUNAL

Emanuell Hunte Roberts.

Ils ont soutenu que leurs clients resteraient détenus longtemps après avoir été réhabilités, et qu’une peine aussi longue entraînerait « des tourments inacceptables ».

L’avocat de Labrèche, qui était le chauffeur alors que Hunte-Roberts était le tireur, a plaidé que son client était le complice et que la peine minimale de 25 ans ne tenait pas compte de son implication moindre.

Le juge Alexandre Boucher de la Cour supérieure ne s’est pas penché sur la constitutionnalité, souscrivant dans son jugement à des décisions antérieures qui ont reconnu la légalité de la période minimale de 25 ans pour un meurtre prémédité.

Il a conclu que dans cette affaire, cette peine est appropriée et proportionnée.

« Le meurtre au premier degré est le pire crime de tous. (…..) Ici, les circonstances du crime sont particulièrement graves. Selon les éléments de preuve, les accusés ont commis ensemble un meurtre commandé lié au crime organisé. L’attaque était bien organisée, violente et froidement exécutée. Le fait qu’il ait été complice ne constitue pas une circonstance atténuante importante pour M. Labrèche dans les circonstances de la présente affaire. De plus, le meurtre a été commis avec une arme à feu dans un lieu public, ce qui le rend encore plus dangereux. Les citoyens montréalais méritent de vivre dans un environnement sécuritaire et paisible », écrit le juge Boucher.

La conscience, la pire des prisons

Durant le procès, la victime, Frantz Louis, a été décrite par le sergent-détective Francis Derome du SPVM comme un individu « connu de la police depuis plusieurs années et faisant partie de l’actualité quotidienne du crime organisé » à Montréal.

PHOTO SPVM

La victime, Frantz Louis

Des membres de la famille de Louis ont écrit des lettres étoffées, exprimant des sentiments particulièrement sentis, en vue de la détermination de la peine.

« Emmanuel et Andrew (les condamnés), nous vous interpellons par votre prénom, car vous êtes, à notre avis, trop jeunes pour être appelés “monsieur”, et encore moins meurtriers. Ce procès nous a fait revivre quotidiennement la mort de Frantz, et réaliser encore plus que vous lui avez volé sa vie. Or, il demeure que nous regardons vos photos avec de la peine. La peine pour vos proches, la peine pour ta maman Andrew, et la peine que 25 ans d’âge, c’est trop jeune pour avoir du sang sur les mains. La plus grande prison est celle de la conscience. Vous allez devoir vivre avec votre conscience. Pour vous donner bonne conscience, vous allez dire que c’était un criminel, mais malheureusement la conscience va vous rappeler que personne n’a le droit de vie ou de mort sur quelqu’un », écrivent notamment les membres de la famille dans l’une des lettres déposées en cour.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.