Québec augmentera considérablement le nombre de constables spéciaux en formation afin de hausser la sécurité dans les palais de justice. Dès mars, jusqu’à 144 aspirants pourront s’inscrire au sein de quatre cohortes à l’École nationale de police (ENPQ).

Cette annonce intervient un peu plus d’une semaine après l’agression au couteau d’un interprète judiciaire au palais de justice de Longueuil, un évènement qui a relancé la question de la sécurité dans ces établissements où transitent de nombreux individus criminels. Depuis, tous les usagers de ce palais de justice doivent se soumettre à une fouille au détecteur de métal.

Jusqu’à tout récemment, on ne comptait qu’une seule cohorte d’environ 32 constables en formation au Québec. Le nombre de cohortes a ensuite été augmenté à deux au courant de l’année 2023. Tout près de 70 d’entre eux étaient donc présentement formés chaque année.

Dès mars, 4 cohortes de 36 candidats devraient être en place, pour un total de 144 constables formés annuellement. En ce moment, le gouvernement estime qu’il en manque environ 110 à l’échelle du Québec. La province totalise actuellement 342 constables spéciaux en activité.

Pour maintenir un sentiment de sécurité dans les palais de justice, il était important d’accélérer la cadence. Nous donnons un coup de barre afin de nous attaquer à la pénurie.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel

La formation d’un constable prend dix semaines, à raison de huit semaines à l’École nationale de police, une semaine en ligne et une dernière servant d’intégration dans un palais de justice. Québec compte aussi lancer une campagne de recrutement pour accroître le nombre d’inscriptions à ce programme.

Une mesure saluée

Le président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec, Franck Perales, salue les nouvelles annonces gouvernementales. « Ça va être considérable et on est bien contents de ça. Nos discussions ont porté fruit », a-t-il dit jeudi.

Pour la suite, la question de la rétention des travailleurs devra être étudiée de près, précise toutefois M. Perales. « On est les agents de la paix les moins bien payés au Canada. Ce n’est pas tout d’embaucher plus de monde, il faut aussi garder ceux qu’on forme après. Il va falloir trouver des solutions », fait-il remarquer.

Le leader syndical espère aussi obtenir des garanties du ministère de la Justice au sujet des équipements de détection métallique et rayons X. La plupart des palais de justice n’en sont pas équipés. À Montréal, des détecteurs de métaux sont en place depuis déjà quelques années, mais dans plusieurs autres municipalités, c’est encore la fouille visuelle qui prime.

« On nous dit qu’il y a des analyses en cours pour établir un certain échéancier afin de doter les palais où il y a le plus d’activités judiciaires de ces équipements-là. Mais il n’y a pas encore d’engagement concret. Bref, on espère avoir des réponses de ce côté », conclut M. Perales.

Jeudi, une dizaine de regroupements œuvrant dans le système judiciaire ont demandé au gouvernement de fournir davantage de sécurité pour eux et pour tous les citoyens. Ils réclament notamment que tous les palais de justice du Québec soient dotés d’arches de sécurité permanentes et qu’un nombre suffisant de constables spéciaux soient affectés.

La lettre est notamment signée par des procureurs aux poursuites criminelles et pénales, des avocats de la défense et de l’aide juridique, des avocats de l’État québécois, des interprètes et traducteurs et des membres du personnel de soutien et des professionnels du gouvernement du Québec.

Avec La Presse Canadienne