Les usagers du palais de justice de Longueuil devront dorénavant se soumettre à une fouille au détecteur de métal. Une semaine après l’agression au couteau d’un interprète judiciaire, le gouvernement envisage aussi plus globalement de renforcer les mesures de sécurité partout au Québec.

« On applaudit cette décision. Depuis la semaine dernière, ils avaient rehaussé les mesures, mais on parlait surtout de fouilles visuelles, donc on demandait aux gens d’ouvrir leurs sacs et on regardait. Là, on est vraiment à un niveau supérieur et c’est tant mieux », affirme le président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec, Franck Perales.

Mardi dernier, un interprète judiciaire avait été poignardé par un homme à l’intérieur du palais de justice de Longueuil, sur l’heure du midi. Le drame avait alors relancé la question de la sécurité dans ces établissements où transitent de nombreux individus criminels.

Au lendemain de l’agression, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, avait tenu à souligner qu’il s’agissait d’un acte « de violence insensée, mais qui demeure un acte isolé ». « Je veux rassurer les citoyens et répéter que nos palais de justice sont des lieux sécuritaires », avait-il dit.

Ce mardi, par écrit, le cabinet M. Bonnardel et celui du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, ont affirmé que certains « ajustements » ont été été faits à court terme dans tous les palais de justice « pour répondre aux besoins de sentiment de sécurité des acteurs qui y œuvrent ».

On ignore à ce stade-ci la nature exacte de ces changements, mais il s’agira surtout de dispositifs de sécurité et d’effectifs supplémentaires.

« Nous déployons les effectifs de constables spéciaux et d’agents de sécurité pour répondre à ces ajustements. […] En parallèle, soulignons que des travaux d’analyse se poursuivent afin d’ajouter des arches dans certains palais de justice et d’autres mesures au besoin pour maintenir le sentiment de sécurité », ont fait valoir les deux ministres.

Au ministère de la Sécurité publique, on confirme aussi par courriel être à évaluer activement « différents scénarios afin d’optimiser la protection des palais de justice et ainsi répondre au sentiment de sécurité des Québécois, ainsi qu’aux personnes œuvrant dans les tribunaux ».

Uniformiser la sécurité

Selon M. Perales, il faut faire beaucoup plus et vite. Une rencontre est justement prévue jeudi entre son syndicat et le ministre Bonnardel. « Nous, ce qu’on veut, c’est avoir un échéancier et un plan clair du gouvernement pour l’implantation de machines à rayons X et de détecteurs de métal dans tous les palais de justice du Québec. Pour l’instant, ça se fait sur la base d’initiatives locales. Ça doit s’uniformiser », dit-il.

La plupart des palais de justice n’en sont pas équipés. À Montréal, des détecteurs de métaux sont en place depuis déjà quelques années. Dans plusieurs autres municipalités, toutefois, c’est encore la fouille visuelle qui prime. « Ce n’est pas suffisant. On a bien beau fouiller un sac, on ne verra peut-être pas une arme dissimulée dans le manteau », dit M. Perales.

« On travaille dans un environnement non contrôlé avec un niveau de criminalité plus élevé qu’ailleurs. Et le danger est de plus en plus présent. On le sent sur le terrain. Les gens sont agressifs, sont violents, sont à cran. Ce qui se passe dans la société n’épargne pas les palais de justice », poursuit-il.

Depuis les incidents de la semaine dernière, « il y a beaucoup d’autorités dans les palais de justice et même la magistrature qui demandent à ce qu’on rehausse rapidement la sécurité », affirme M. Perales.

L’auteur présumé de cette agression, Alexandre Garcés, âgé de 44 ans, fait face depuis mercredi dernier à des accusations de voies de fait graves, d’agression armée et de port d’arme dans un dessein dangereux.

De son côté, la victime, Hai Thach, est un interprète judiciaire bien connu des services judiciaires et très apprécié. Son état a été jugé critique pendant un bon moment après les faits, mais il a survécu, a-t-on pu confirmer ce mardi. L’agression s’était produite au premier étage du palais de justice, où il n’était plus possible d’accéder en après-midi, après que la police y a établi un périmètre de sécurité. À ce jour, le mobile du crime reste encore flou, puisque le suspect et la victime ne se connaissaient pas.

Avec Vincent Larin, La Presse