L’explosion survenue dans un dépôt de propane en janvier dernier, qui a coûté la vie à trois personnes à Saint-Roch-de-l’Achigan, est due à des travaux de soudage sur un camion-citerne qui contenait encore des vapeurs d’essence, conclut la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Dans un rapport paru mardi, l’organisme écrit en effet qu’il y a eu « allumage des vapeurs d’essence à l’intérieur d’un compartiment de la citerne, ce qui a causé l’explosion, suivie de l’incendie du bâtiment ». Certains travaux de soudage qui se tenaient sur une remorque-citerne contenant les vapeurs d’essence ont été effectués à l’intérieur du bâtiment, ce qui a « mis en danger les travailleurs qui s’y trouvaient ».

Il était 11 h, le 12 janvier dernier, lorsqu’une lourde déflagration a été entendue – et ressentie – à des kilomètres à la ronde. Un incendie s’était propagé dans le dépôt de propane appartenant à l’entreprise Propane Lafortune, provoquant des explosions.

Lisez l’article « Explosion chez Propane Lafortune : Saint-Roch-de-l’Achigan sous le choc »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

En plus de trois morts, le bâtiment de l’entreprise a alors été complètement détruit. Céline Pilon, 65 ans et originaire de Saint-Roch-de-l’Achigan, ainsi que France Desrosiers, 65 ans de L’Épiphanie, et Christophe Paradis, 26 ans de Mascouche, ont perdu la vie lors de l’évènement.

Celui-ci avait causé une onde de choc dans la communauté et partout dans la province. Au-delà du drame humain, des risques d’explosion et de contamination en lien avec des déversements dans la rivière de l’Achigan avaient également compliqué le travail des pompiers.

Selon le récit qu’en fait la CNESST, le pire est survenu quand un travailleur effectuait du soudage à l’intérieur d’un garage, sur le châssis d’une remorque-citerne contenant des hydrocarbures.

Après l’accident, la CNESST dit d’ailleurs avoir interdit à Propane Lafortune « de retirer les décombres du site sans la présence d’un inspecteur ». Elle a aussi empêché l’entreprise « d’entreprendre tout travail à chaud sur ou à proximité d’une citerne qui contient ou qui a déjà contenu des produits combustibles ».

La mise en place d’une procédure sécuritaire à cet effet a aussi été exigée, et on a interdit à l’entreprise d’effectuer des travaux de soudage sur une citerne ayant contenu des hydrocarbures ou à proximité d’une telle citerne.

Des conseils de prévention

Afin de prévenir d’autres tragédies du genre, la CNESST recommande entre autres aux entreprises « d’éliminer les sources d’ignition » dans tous les endroits où des vapeurs inflammables peuvent se trouver, « dont celles provenant des installations électriques ».

Les acteurs de l’industrie devraient aussi effectuer toute activité de soudage ou de coupage « à plus de 11 mètres des matières combustibles et inflammables, à moins d’identifier et de contrôler tous les risques d’ignition ».

On suggère également d’interdire le stationnement de véhicules-citernes dans un bâtiment « qui n’est pas spécialement conçu à cet effet », mais surtout de nettoyer l’extérieur de ces véhicules pour vérifier l’absence de fuites dans le réservoir, notamment.

Ultimement et sur une base quotidienne, la CNESST invite les travailleurs à « faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler ».

Toutes les conclusions de l’enquête de l’organisme gouvernemental seront transmises à plusieurs groupes d’intérêt, dont l’Association québécoise des indépendants du pétrole, l’Association québécoise du propane, l’Association du camionnage du Québec, l’Association canadienne des carburants ou encore l’Association canadienne du gaz. Le rapport devrait aussi être diffusé dans les établissements de formation de soudage et d’assemblage, à titre de formation.