(Mississauga) Un Ontarien accusé d’avoir envoyé des substances létales à des gens qui se sont suicidés par la suite est formellement accusé de 14 chefs de meurtre au deuxième degré, en plus de ses 14 accusations précédentes pour avoir conseillé le suicide et aidé à le commettre.

Kenneth Law fait donc maintenant face à un total de 28 chefs d’accusation. La police a précisé mardi que toutes les accusations concernent les 14 mêmes victimes en Ontario.

Ces victimes, âgées de 16 à 36 ans, sont mortes dans diverses localités de la province, aussi loin au nord que Thunder Bay et au sud-ouest jusqu’à London. Plus d’une victime était âgée de moins de 18 ans, a indiqué la police.

« Il s’agit d’une enquête toujours en cours et je peux dire que des preuves sont arrivées qui soutiennent l’accusation de meurtre au deuxième degré », a déclaré l’enquêteur Simon James, de la Police régionale de York, qui est responsable de l’enquête conjointe menée par plusieurs corps policiers.

« Je ne peux pas parler de ces preuves pour le moment afin de préserver l’enquête », a indiqué M. James en conférence de presse à Mississauga.

L’avocat de l’accusé, Matthew Gourlay, a déclaré que son client plaiderait non coupable de toutes les accusations. Law, qui est actuellement détenu, devrait comparaître à Newmarket le 19 décembre.

La police allègue que l’homme, âgé de 58 ans, de Mississauga, exploitait plusieurs sites web utilisés pour vendre du nitrite de sodium et d’autres articles qui peuvent être utilisés pour se mutiler. Il aurait expédié ces produits dans plus de 40 pays.

Les enquêteurs estiment que plus de 1200 colis ont été envoyés dans le monde, dont environ 160 au Canada.

Law avait été arrêté en mai dernier après que la Police régionale de Peel a enquêté sur deux morts survenues à l’ouest de Toronto. Il a alors été accusé de deux chefs d’avoir « conseillé le suicide ou y aider ». Puis, en août, 12 autres accusations semblables ont été portées contre Law.

Les enquêteurs ont déclaré que les victimes présumées en Ontario provenaient du grand Toronto, de la région de Durham, de London, de Thunder Bay et de la région de Waterloo.

L’enquêteur James a déclaré mardi que la police étudiait de près un mobile possible, ce qui « constitue un élément clé de l’enquête », selon lui. « Les victimes et les survivants de cette affaire sont le fils, la fille, le frère, la sœur, la mère ou le père de quelqu’un, a-t-il souligné. Ce sont tous des êtres humains et ils étaient aimés par leur famille et leurs amis qui continuent de vivre sans eux aujourd’hui. »

Les autorités d’autres régions canadiennes et d’autres pays ont indiqué qu’elles enquêtaient elles aussi sur des liens possibles entre les décès survenus sur leur territoire et les activités présumées de Law.

« Nous collaborons quotidiennement avec les forces de l’ordre à l’échelle mondiale, dans des pays du monde entier », a déclaré M. James. Mais l’une des difficultés de ce dossier concerne le nombre et la localisation des sites internet potentiellement liés à l’enquête, a précisé l’enquêteur.

« Nous connaissons un certain nombre de sites web, a-t-il déclaré. L’un des défis auxquels nous sommes confrontés est qu’un certain nombre de ces sites sont situés dans d’autres pays où la loi canadienne ne s’applique pas, ou alors là où les ordonnances canadiennes ne s’appliquent pas nécessairement. »

La police britannique a ainsi annoncé qu’elle avait identifié 232 personnes au Royaume-Uni, dont 88 sont mortes, qui avaient acheté des produits sur des sites web établis au Canada et qui seraient liés à Law.

Les autorités américaines, italiennes, australiennes et néo-zélandaises ont également ouvert leurs propres enquêtes.