Non seulement l’ex-hockeyeur Noah Corson n’a rien fait pour vérifier l’âge de sa victime de 15 ans, mais il l’a également pénétrée sans son consentement pendant un viol collectif, a plaidé jeudi la Couronne au procès de l’ex-joueur des Voltigeurs de Drummondville. La défense appelle au contraire le juge à rejeter la version de la plaignante.

« Clairement, elle a voulu participer à une activité sexuelle de groupe. Peut-être qu’elle n’en est pas fière. Mais je suis d’avis qu’elle a consenti et qu’elle ne veut pas le reconnaître », a plaidé MJasmin Laperle, avocat de Noah Corson, au palais de justice de Drummondville.

Le Sherbrookois de 25 ans – dont le vrai nom est Noah Lee Jette Corson – est accusé d’agression sexuelle avec d’autres personnes. Il risque au minimum cinq ans de prison, puisque la victime avait moins de 16 ans. Ses deux complices, des hockeyeurs de 17 ans, ont plaidé coupable en Chambre de la jeunesse. On ne peut donc pas les identifier.

L’affaire remonte à 2016. Noah Corson, fils de l’ex-joueur du Canadien Shayne Corson, était alors un hockeyeur de 18 ans en vue des Voltigeurs de Drummondville. Un soir, Noah Corson est attablé à la Cage aux Sports avec ses deux complices mineurs. L’un d’entre eux invite la plaignante – rencontrée sur les réseaux sociaux – et une amie à les rejoindre.

La soirée se poursuit à l’appartement de l’adolescente de 15 ans. Les versions divergent sur la suite. Dans tous les cas, il est admis qu’une activité sexuelle de groupe a eu lieu. Au procès, la plaignante a raconté avoir fait une fellation à un des garçons alors qu’un autre l’a agressée. Elle n’était pas consentante, selon elle.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

MMarc-André Roy, procureur de la Couronne

« M. Corson n’était pas invité dans la chambre. La porte était fermée. C’est lui qui s’invite. Il ne prend aucune mesure pour vérifier le consentement de [la plaignante] et la pénètre », a plaidé le procureur de la Couronne MMarc-André Roy.

Le témoignage de l’un des agresseurs de 17 ans est particulièrement évocateur, selon la Couronne. Le garçon ne se donne pas le beau rôle : il évoque ses problèmes érectiles et le malaise pendant l’acte. Il raconte avoir entendu des bruits de relations sexuelles dans la chambre et des bruits de claques sur les fesses, alors qu’il avait quitté la pièce.

Selon le témoin, l’adolescente avait visiblement pleuré en sortant de la chambre. Son mascara avait coulé. « Dans la version de M. Corson, tout est bon, tout est correct. Je pense que vous pouvez en tirer l’inférence qu’il n’y a pas eu de consentement », a plaidé MRoy.

« Aucune mesure » pour tenter de connaître l’âge

L’âge de la plaignante est crucial dans cette affaire, puisqu’elle ne pouvait consentir à une activité sexuelle de groupe à 15 ans. La défense insiste ainsi sur le fait que Noah Corson était convaincu « à 100 % » qu’elle avait 18 ans au moment des faits, puisqu’il croyait se rendre à « son » appartement » et qu’elle disait fréquenter un bar. En outre, sa croyance était sincère, mais erronée, tente de faire valoir la défense.

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MJasmin Laperle, avocat de la défense

« Je suis convaincu que les deux filles, sachant que des joueurs des Voltigeurs seraient là, n’ont pas cherché à se rajeunir, mais à se vieillir », a soulevé MLaperle en défense.

Un argument mal reçu par le juge Paul Dunnigan.

Je n’irais pas dans les stéréotypes, parce qu’on est un joueur de hockey, qu’il est probable que de jeunes filles ne voient plus clair. Je ne me rendrais pas là.

Le juge Paul Dunnigan

Noah Corson n’a pris « aucune mesure » pour tenter de connaître l’âge de la plaignante, a soutenu la Couronne. S’il avait moindrement discuté avec elle pendant la soirée, il aurait appris son âge, selon MRoy. Or, Corson s’est seulement fié à ses « déductions » et a fait preuve d’aveuglement volontaire.

Le procureur a même invité le juge à observer la plaignante dans la salle d’audience. « Regardez-la, à 22 ans. Enlevez-lui sept ans. Était-il raisonnable en se basant sur son visage, [de conclure que] oui, elle doit avoir 16 ans ? », a lancé le procureur.

« On ne peut pas faire cet exercice », a répliqué l’avocat de la défense.

Pour la défense, il était raisonnable de croire que la plaignante était au cégep, puisqu’elle fréquentait un cégépien de 17 ans.

« Elle était à quelques mois d’avoir 16 ans, elle n’avait pas 13 ou 14 ans. Elle était sur le bord de consentir à l’activité sexuelle qui a eu lieu ce soir-là », a aussi plaidé MLaperle.

Le juge rendra sa décision le 9 février prochain.