Le nombre de moniteurs de ski doit être augmenté, leur formation doit être accrue et le personnel des stations doit avoir des moyens de communication fonctionnels en tout temps. C’est ce que conclut le rapport du coroner sur la mort d’une fillette de 6 ans dans un téléski double (aussi appelé arbalète ou T-bar) en janvier 2023. Au demeurant, un enfant devrait nécessairement être avec un moniteur ou un adulte quand il emprunte un tel remonte-pente.

Le drame s’est produit le 29 janvier 2023, à la station de ski Val Saint-Côme, dans Lanaudière.

La petite Lily Leblanc suivait un cours de ski dans un groupe de trois enfants. Dans le téléski, l’un d’eux chute. La remontée mécanique est arrêtée, puis remise en marche sans qu’un examen visuel par une personne responsable ait d’abord permis de s’assurer que les enfants étaient tous en bonne position. Lily Leblanc ne l’était pas : l’arbalète s’est coincée dans le capuchon de son manteau.

« Lily a chuté à environ 208 mètres de la zone d’embarquement et a été tirée sur une distance d’environ 540 mètres », peut-on lire dans le rapport signé par la coroner Julie-Kim Godin

Elle est morte « d’une asphyxie par compression prolongée des structures de son cou par le collet de son manteau qui était tiré vers le haut par une remontée mécanique de surface de type T-bar ».

Le jour de la tragédie, « l’enfant avait un casque de sécurité, un équipement en bon état et des vêtements appropriés », relève la coroner.

Par contre, poursuit-elle, « je ne peux que constater que le problème aurait été évité si Lily avait été avec un moniteur, un superviseur, un patrouilleur ou un adulte dans la chaise de la remontée mécanique, ou si un employé supplémentaire avait accompagné le groupe ».

Autre problème identifié par la coroner : lors de l’accident, « on réalise que la radio servant à joindre les patrouilleurs ne fonctionne pas. Un préposé part donc à pied aviser une patrouilleuse. Des patrouilleurs se déplacent jusqu’à Lily, constatent qu’elle est en arrêt cardiorespiratoire et effectuent des manœuvres de réanimation ».

La coroner estime que le fait que Lily « n’était pas accompagnée d’un moniteur ou d’un adulte dans la remontée mécanique » et le fait que la remontée mécanique a été remise en marche sans que les préposés à la remontée mécanique se soient préablement assurés de la sécurité et du bien-être de Lily sont principalement en cause, tout comme les directives d’évacuation des lieux après la chute de l’enfant du téléski.

Val Saint-Côme a déjà fermé son téléski double et a indiqué qu’il n’y aurait plus de ce type de remontée. Les responsables de la station assurent aussi, précise la coroner, que dorénavant « les élèves seront toujours accompagnés d’un moniteur dans les remontées mécaniques. Ils ont également entrepris des réflexions afin de rehausser la sécurité de leurs clients ».

En conclusion, aux dirigeants de Val Saint-Côme, mais aussi à toutes les stations de ski et aux associations qui forment le personnel, la coroner recommande notamment qu’une formation plus poussée soit donnée aux moniteurs, que le nombre d’employés soit augmenté et que les moyens de communication soient fonctionnels en tout temps.

François Gagnon, président-directeur général de la station touristique Val Saint-Côme, a indiqué mercredi que « toutes nos pensées sont encore et toujours avec la famille et les proches de la victime qui revivent des moments douloureux à la sortie de ce rapport ».

« Nous appliquerons les recommandations de la coroner, a-t-il poursuivi. La mise en œuvre de celles-ci est une priorité pour notre équipe afin d’éviter qu’un drame comme celui-ci se reproduise et d’assurer la sécurité » des skieurs de Val Saint-Côme.

Notons qu’une enquête du coroner n’a pas pour objectif de se prononcer sur la responsabilité d’une personne ni de rechercher des coupables, mais plutôt de mettre en lumière les causes et circonstances d’un décès pour mieux protéger les citoyens.