(Québec) Un ancien motard criminel a été abattu par balle lundi matin à Québec dans le contexte où un gang de rue et les Hells Angels seraient en train de se livrer une guerre ouverte dans la capitale.

Les policiers sont intervenus lundi à 6 h 34 dans une rue tranquille du secteur Charlesbourg. C’est là, devant sa résidence, qu’ils ont trouvé Michel « Doune » Guérin grièvement blessé. L’homme de 57 ans a été transporté à l’hôpital, où son décès a été constaté.

Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a confirmé lundi après-midi que l’homme avait été tué par balle. Il s’agit du septième homicide de l’année dans la capitale. Les enquêteurs des crimes majeurs ont été saisis du dossier.

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Michel « Doune » Guérin

« Doune », comme il était connu dans les milieux policiers de la capitale, avait été un acteur influent du crime organisé à Québec. Il exerçait encore beaucoup d’influence, selon une source policière.

Guérin était un ancien « prospect » des Hells Angels, qui avait dirigé le défunt groupe de motards des Mercenaires. Il aurait été à un moment l’un des plus gros trafiquants de cocaïne de la capitale. Il a été arrêté en 2005 lors de l’opération Despote et a écopé de 12 ans de prison.

Contexte explosif

Cet attentat contre cet ancien proche des Hells survient dans un contexte explosif à Québec. La guerre serait déclarée entre motards et gangs de rue pour le contrôle de la vente de drogue.

La police refuse de relier publiquement le meurtre de Guérin à la flambée de violence entre factions du crime organisé. Mais des sources ont indiqué au Journal de Québec que l’homme aurait été chargé de régler certains conflits entre les clans et même de récupérer la part des motards.

Selon plusieurs sources policières, un conflit fait rage entre un membre en règle des Hells Angels de Québec, Mathieu Pelletier, et un trafiquant indépendant surnommé Dave « Pic » Turmel.

Turmel aurait refusé depuis la pandémie de s’approvisionner en cocaïne auprès des Hells Angels, privant ainsi les motards d’une source importante de revenus. Le « Pic », qui aurait des liens avec des gangs de rue d’allégeance « rouge », achèterait désormais la drogue aux gangs de rue de Montréal.

Selon nos informations, Turmel aurait eu vent que sa tête était mise à prix. Il aurait décidé de quitter le pays, et c’est à partir de l’étranger qu’il dirigerait ses opérations.

Le SPVQ a procédé en juillet dernier à une frappe majeure dans son réseau. Sept personnes ont été arrêtées, mais les policiers n’ont jamais trouvé Dave Turmel. Il est recherché par la police depuis ce jour.

Dans la rue, le conflit n’a fait que s’envenimer depuis. Des entrepôts de la Beauce ont été la cible d’incendies suspects en octobre et en novembre. Selon les informations de La Presse, dans deux de ces mini-entrepôts se trouvaient des locataires liés de près ou de loin aux motards criminels.

Lisez l’article « Beauce : de mystérieux incendies détruisent des entrepôts »

Une année particulièrement sanglante

Michel Guérin était propriétaire du gym Univers Fitness de Québec, selon le registre des entreprises. L’homme avait intenté une poursuite contre la Ville de Québec en 2022, lui reprochant d’avoir refusé de donner une subvention d’urgence à son gym en pleine pandémie. La Ville aurait estimé que de subventionner l’entreprise de Guérin aurait représenté « un risque d’image » pour la municipalité, selon un article du Journal de Québec.

Le meurtre de Michel Guérin représente le septième homicide de l’année à Québec. Ces sept meurtres jusqu’à maintenant font de 2023 une année particulièrement sanglante dans la capitale. Au début des années 2000, il n’était pas rare de voir des bilans avec deux ou trois meurtres annuels. Il n’y en avait eu aucun en 2007.

Mais depuis 2017, les meurtres ne cessent d’augmenter dans la capitale. Cette année-là avait vu un total de dix personnes tuées, dont six dans l’attentat contre la mosquée de Québec. Il y avait eu entre cinq et sept meurtres par année dans la capitale depuis cinq ans.

La violence était toutefois bien pire dans les années 1990. Il n’était alors pas rare de voir plus de 12 meurtres par année.