(Ottawa) Les avocats de la défense des organisateurs du « convoi de la liberté », Chris Barber et Tamara Lich, ont commencé à exposer leurs arguments dans une salle d’audience à Ottawa, lundi.

Eric Granger, un avocat de Mme Lich, a soutenu qu’il n’y avait aucune preuve directe la liant à des activités illégales qui ont eu lieu au centre-ville d’Ottawa pendant la manifestation.

Et l’équipe de la défense continue de faire valoir que les preuves dans l’affaire qui s’appliquent uniquement à Mme Lich ne devraient pas être utilisées contre M. Barber, et vice-versa.

Les deux organisateurs sont co-accusés de méfaits et d’intimidation, entre autres accusations liées à la manifestation massive contre les restrictions liées à la COVID-19, qui a bloqué le secteur près de la colline du Parlement pendant des semaines, au début de 2022.

La Couronne soutient que les deux co-accusés ont exercé une influence sur le comportement des manifestants et qu’ils ont travaillé suffisamment étroitement pour que les preuves relatives à l’un d’entre eux soient également considérées comme des preuves à l’encontre de l’autre.

Les procureurs ont clos leur dossier il y a une semaine après des semaines de témoignages sur la nature perturbatrice de la manifestation.

Me Granger a déclaré au tribunal, lundi, qu’aucun des témoins présentés par la Couronne n’avait déclaré avoir communiqué avec Mme Lich.

Il a allégué que de manifester pacifiquement contre les directives de lutte contre la pandémie, ou d’inviter d’autres personnes à le faire, n’est pas un crime et n’incite pas d’autres personnes à commettre des infractions pénales.

Me Granger a également déclaré que Mme Lich ne pouvait pas aider ou encourager un crime sans avoir connaissance qu’un crime était commis.

La Couronne allègue que les manifestants ont entravé de manière criminelle la circulation et l’autoroute qui passe près du centre-ville d’Ottawa, ainsi que des biens publics et des agents de la paix.

Coordination et appels au pacifisme

Lundi, Me Granger a présenté un résumé chronologique des preuves des opérations effectuées par Mme Lich entre le 20 janvier et le 17 février 2022, jour de son arrestation.

Ce résumé comprenait des échanges de textos préalablement scellés entre Mme Lich et M. Barber, ainsi que des remarques faites par Mme Lich sur les réseaux sociaux ou lors de conférences de presse, pendant et juste avant la manifestation.

Me Granger a déclaré que le rôle de Mme Lich était d’être responsable des finances de la manifestation.

Le 21 janvier, Mme Lich a lancé une page GoFundMe et une page Facebook officielle « convoi de la liberté 2022 ».

Le 22 janvier, Mme Lich a publié sur X, anciennement Twitter, une liste de demandes au gouvernement canadien, notamment la fin de toutes les restrictions liées à la pandémie et un « arrêt » de la rhétorique concernant les Canadiens non vaccinés.

Plus tard, le 23 janvier, Mme Lich a déclaré dans une vidéo en direct sur Facebook que la page GoFundMe avait collecté plus d’un million de dollars et qu’« Ottawa vous entend haut et fort ».

Au début du mois de février, Mme Lich et M. Barber se sont envoyé des messages textes au sujet de leur rencontre avec l’ancienne députée conservatrice Candice Bergen, mais il n’est pas clair si la réunion a réellement eu lieu.

M. Barber et Mme Lich ont également continuellement communiqué sur leurs inquiétudes selon lesquelles ils pourraient être associés à Pat King, un autre organisateur vocal du convoi. Ils ont affirmé qu’il devait être « moins visible » et calmer son discours.

La liste des preuves de Me Granger montre que M. Barber et Mme Lich communiquaient presque tous les jours pour coordonner la logistique.

Il a noté que Mme Lich et M. Barber ont exhorté leurs partisans à être pacifiques et à dénoncer à la police toute personne perturbatrice à plusieurs reprises tout au long de la manifestation.

Preuves vidéo

Pendant les plaidoiries de la Couronne, les procureurs ont diffusé des heures de vidéos publiées sur les réseaux sociaux par Mme Lich et M. Barber qui couvraient les préparatifs des manifestations jusqu’à leur arrestation, alors que la police expulsait de force les manifestants du centre-ville d’Ottawa.

Dans ces vidéos, les deux organisateurs étaient identifiés comme des dirigeants du mouvement « convoi de la liberté » et relayaient des messages aux manifestants.

L’avocat de M. Barber a également montré au tribunal des vidéos de lui appelant les manifestants à rester pacifiques et à respecter la police et les résidents d’Ottawa.

La défense a déposé une requête mardi dernier, affirmant que Mme Lich et M. Barber ne devraient pas être considérés comme des complices parce que leurs actions n’étaient pas criminelles.

La juge Heather Perkins-McVey a déclaré qu’elle ne s’attendait pas à rendre une décision sur la motion cette semaine.

Le procès devrait reprendre mardi.