Un cégépien soupçonné d’activités terroristes s’est engagé mardi devant le tribunal à respecter de strictes conditions pendant un an. Selon les autorités, Mohamed Amine Assal faisait l’apologie du terrorisme sur des réseaux sociaux et disait côtoyer des partisans du groupe armé État islamique à Montréal.

« Nous devons à nouveau faire du terrorisme la norme. En faire la nouvelle tendance », aurait lancé Mohamed Amine Assal sur le réseau social Telegram, le 24 février, selon un message intercepté par le FBI.

L’étudiant de 19 ans ne faisait face à aucune accusation criminelle. Il a plutôt été arrêté en mars dernier en vertu d’un « 810 », une disposition du Code criminel qui permet d’imposer des engagements à une personne lorsque les autorités ont des « motifs raisonnables » de craindre la commission d’un crime.

Déjà soumis depuis mars à de strictes conditions, dont le port d’un bracelet GPS, le jeune homme s’est présenté mardi en cour accompagné de son père. Devant la juge Nathalie Duchesneau, il a reconnu que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avait des motifs raisonnables de croire qu’il pourrait commettre une infraction en lien avec le terrorisme.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Mohamed Amine Assal (à gauche) s’était aussi caché le visage lors de son passage en cour en septembre.

La juge lui a ainsi imposé une quinzaine de conditions à respecter pendant un an, sous peine de commettre une infraction criminelle. Il devra notamment respecter un couvre-feu à partir de 23 h, sauf une nuit par semaine pour se rendre à une mosquée de l’arrondissement de Saint-Laurent pour des « activités de mentorat et de discussions pour jeunes ».

Entre autres, Mohamed Amine Assal aura seulement accès à un téléphone de type « flip » et ne pourra utiliser l’internet, sauf pour ses études et le travail. Le jeune homme ne pourra ni quitter le Québec ni demander un passeport. Il devra continuer de porter un bracelet GPS. Il lui sera évidemment interdit de consulter du matériel terroriste ou haineux.

Il aurait radicalisé son petit frère

Mohamed Amine Assal était élève en maintenance d’aéronefs à l’École nationale d’aérotechnique de Saint-Hubert – un campus du collège Édouard-Montpetit – lorsque les autorités l’ont épinglé. Selon des informations de la police fédérale américaine fournies à la GRC, le jeune cégépien tenait des propos extrêmement inquiétants sur les plateformes Telegram, Discord et Reddit.

La GRC a donc lancé une enquête visant le jeune homme concernant des chefs d’accusation de « facilitation d’une activité terroriste » et d’avoir « conseillé la commission d’une infraction de terrorisme ». Il n’a toutefois pas été inculpé de ces infractions.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Mohamed Amine Assal, il y a quelques années

Selon une source du FBI, Mohamed Amine Assal aurait convaincu un adepte du groupe État islamique établi en Italie de commettre des attaques terroristes. Les deux hommes auraient été proches, lançant même une balado ensemble. Selon la source, le terroriste italien aurait dit que le jeune Montréalais planifiait lui aussi une attaque.

En plus d’avoir radicalisé son petit frère de 9 ans, Mohamed Amine Assal aurait également prétendu avoir ajouté 20 membres de son école à un groupe Telegram, selon la source du FBI. Sous le pseudonyme de « Joe », Assal aurait affirmé que l’une des personnes du groupe des 20 était sur le point de devenir partisan du groupe armé État islamique.

« Joe soutient fréquenter une mosquée où le cheikh semble supporter ISIS [groupe État islamique], mais reste très prudent dans ses propos. Joe a indiqué avoir rencontré plusieurs frères yéménites qui supportent ISIS à la mosquée », peut-on lire dans le rapport de la GRC.

Dans certains messages, l’élève montréalais expliquait à un interlocuteur comment fabriquer une bombe avec de la poudre noire et « un paquet de clous » attachés autour d’un tuyau, selon les allégations de la police américaine. Assal aurait dit être en contact avec un « frère » qui était prêt à financer des « opérations ». Il parlait d’assassinats de « mécréants », de décapitations et d’autres actes violents.

« J’ai imaginé que des politiciens se rassemblent quelque part. Alors, une camionnette blanche avec huit hommes bien entraînés […] tuent rapidement quelques gardes devant l’édifice, puis y entrent pour commettre une boucherie des politiciens. […] C’est faisable, et cela serait considéré comme une opération de martyr », écrivait « Joe » sur Telegram.

MNancy Perrault a représenté la Couronne fédérale dans ce dossier, alors que MMustapha Mahmoud a défendu le jeune homme.