Un long couteau entre les mains et en état de psychose, Guillaume Dion-Roy commence son carnage : il tue son beau-père dans la chambre et poignarde sa mère, une voisine et un portier. Une véritable scène d’horreur. Un an plus tard, le musicien de 27 ans vient d’être déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.

Ce qu’il faut savoir

  • Guillaume Dion-Roy a tué son beau-père, Raymond Hébert, et a poignardé trois personnes, dont sa mère, en juin 2022 ;
  • Le jeune musicien a été déclaré mercredi non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux ;
  • Schizophrène, il était dans un état de psychose au moment des faits.

« Le Tribunal est bien conscient qu’aucune décision ne pourra réparer les conséquences désastreuses des gestes commis par l’accusé, alors qu’il était dans un état de psychose », a conclu mercredi le juge Mario Longpré, en suivant la recommandation des parties.

Cette histoire tragique met en lumière un autre cas de santé mentale mal pris en charge par le système. L’histoire d’un jeune pianiste et compositeur happé par une maladie mal diagnostiquée qui l’a mené au bord du gouffre, le 26 juin 2022.

« Les signes précurseurs de la maladie de mon fils n’ont pas été détectés par le système de santé lors des appels à l’aide précédant le drame. Il aura fallu que l’irréparable se produise pour qu’on lui accorde de l’aide et de l’encadrement », déplore la mère de Guillaume Dion-Roy, dans une lettre lue à la cour.

La vie de Guillaume Dion-Roy a basculé en 2021 après qu’il a consommé des champignons magiques. Sa schizophrénie est alors apparue au grand jour.

Le jeune pianiste avait une « fragilité sous-jacente » qui le rendait susceptible de développer cette maladie, a expliqué le psychiatre Gilles Chamberland.

Hospitalisé une semaine pour un épisode psychotique, Guillaume Dion-Roy déménage chez sa mère et son beau-père en novembre 2021. Son médecin réduit sa médication antipsychotique à mesure que revient le « Guillaume d’avant ». Or, la dose prescrite ne suffit pas. À l’époque, sa schizophrénie n’est pas encore diagnostiquée.

« On aurait pu être un peu plus prudent », avance le DChamberland.

Personne ne sait alors qu’à l’automne 2021, déjà, Guillaume Dion-Roy pense que des « démons » peuvent le posséder. Au printemps 2022, le jeune musicien s’enfonce dans sa psychose : il croit que des robots le surveillent. Il est insomniaque.

Avant le meurtre, Guillaume Dion-Roy pense avoir vu un ovni. C’est un signe, pour lui, qu’il vit dans un monde parallèle. Le jour fatidique, il est convaincu que sa mère « voit » dans sa tête et veut lui « voler » son subconscient. Il doit donc la tuer. En sous-vêtements, il prend un long couteau de cuisine et s’attaque à elle.

« Non, Guillaume ! », le supplie son beau-père, Raymond Hébert. Il tue alors le mari de sa mère, un avocat respecté de 72 ans, qui laisse dans le deuil ses deux fils.

« Mon époux a perdu la vie en me sauvant la vie. Un époux qui mordait dans la vie. Il nous a quittés en accomplissant un acte héroïque. Tout me manque en lui. Son rire, son énergie, sa voix. Ses étreintes », a confié la mère, qu’on ne peut nommer.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE MEMORIA

Raymond Hébert, un avocat, a été tué par Guillaume Dion-Roy.

Incapable d’appeler le 911 sur son cellulaire, la mère, blessée, se précipite dans le corridor et sonne chez une voisine. Au même moment, le portier de l’immeuble, Pierre Bernier, arrive au 15étage et crie au tueur d’arrêter. Poignardé à plusieurs reprises, l’homme va perdre l’usage d’un œil.

« Ça a changé ma vie », dit-il à la cour.

La voisine ouvre ensuite la porte et se retrouve nez à nez avec Guillaume Dion-Roy, qu’elle décrit comme un « robot » ou un « zombie ».

J’ai littéralement marché dans un film d’horreur et je me suis retrouvée sur la trajectoire d’un tueur.

Une voisine qu’on ne peut nommer

Poignardée à plusieurs reprises, la voisine se réfugie dans sa chambre et appelle le 911. Mais Guillaume Dion-Roy arrive. Elle est prise au piège. Une décision salvatrice : elle attrape une sacoche pour parer les coups de couteau. Quand la mère intervient, la voisine en profite pour prendre la fuite.

Cette femme est marquée au fer rouge par cet épisode cauchemardesque. Elle se scandalise de voir son bourreau détenu dans un institut psychiatrique. « Je vais toujours vivre dans la peur. Je suis déçue et je suis inquiète », insiste-t-elle.

Guillaume Dion-Roy était « en psychose » au moment des faits en raison de sa schizophrénie, conclut le DChamberland. « Il comprenait ce qu’il faisait. Par contre, il n’était pas en mesure de savoir que c’était mal », résume le psychiatre.

Or, Guillaume Dion-Roy n’a plus aucun symptôme depuis qu’il reçoit un traitement par injection, affirme le DChamberland.

L’avocate de la défense, MAlexandra Longueville, explique que son client est « bouleversé » depuis qu’il réalise ce qu’il a fait. Il est « extrêmement » motivé à poursuivre ses traitements, a-t-elle indiqué à la cour.

Le juge a ordonné la détention de Guillaume Dion-Roy à l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel. Son sort est maintenant entre les mains de la Commission d’examen des troubles mentaux, qui va réévaluer régulièrement la nécessité de le maintenir en détention pour protéger le public.

MSimon Lapierre a représenté le ministère public.