(Montréal) Le gouvernement des États-Unis ne peut pas être poursuivi au Canada pour son rôle présumé dans de tristement célèbres expériences de lavage de cerveau survenues dans un hôpital psychiatrique de Montréal, a statué, lundi, la Cour d’appel du Québec.

La proposition d’action collective concerne le projet MK-ULTRA, supposément financé par le gouvernement canadien et la Central Intelligence Agency (CIA), entre les années 1940 et 1960, à l’Institut Allan Memorial de Montréal, affilié à l’Université McGill.

Dans une décision rendue lundi par trois voix contre zéro, le plus haut tribunal de la province a confirmé une décision d’un tribunal inférieur, selon laquelle une loi canadienne de 1982 régissant la manière dont les États étrangers peuvent être poursuivis en justice dans le pays ne peut pas être utilisée de manière rétroactive. L’appel a été entendu en mars.

Le dossier émane d’une action collective intentée en janvier 2019 contre l’Université McGill, l’Hôpital Royal Victoria et les gouvernements canadien et américain, après que des Montréalais auraient vu leur mémoire être effacée et auraient été réduits à un état mental d’enfance, lors des « Expériences de Montréal » (« Montreal Experiments »).

L’action collective, qui n’a pas été autorisée par un juge, allègue que les expériences menées par le Dr Ewen Cameron à l’Allan Memorial Institute, entre 1948 et 1964, faisaient partie du programme secret de contrôle mental MK-ULTRA de la CIA.

Les plaignants ont soutenu que le juge de première instance avait commis une erreur en accordant l’immunité aux États-Unis à un stade précoce de la procédure. Ils ont déclaré que les États-Unis pourraient être poursuivis rétroactivement en vertu de la Loi sur l’immunité des États du Canada de 1982, qui autorise les poursuites en cas de blessures corporelles. Les plaignants ont également fait valoir qu’il existait des exemptions pour les poursuites commerciales pendant la période où les expériences auraient eu lieu.

Cependant, les avocats représentant le procureur général des États-Unis ont déclaré que ce qui est allégué dans la demande d’action collective n’implique pas un accord commercial entre les États-Unis et le Canada. Les États-Unis, ont-ils dit, bénéficiaient de l’immunité au Canada avant la promulgation de la loi de 1982.

Tout procès contre le gouvernement américain doit être intenté devant un tribunal américain, ont-ils ajouté.

L’avocat Jeffrey Orenstein, qui représente les plaignants, a déclaré dans un courriel qu’il examinait toutes les options juridiques, y compris une demande d’autorisation d’appel à la Cour suprême du Canada.

Ses clients comprennent l’importance de l’immunité dans le cadre des relations internationales, a-t-il soutenu.

« Cependant, l’exception à l’immunité des États relative aux blessures corporelles est en vigueur depuis 1982, a affirmé M. Orenstein. Le gouvernement américain ne pourrait pas jouir aujourd’hui d’une immunité absolue concernant les faits décrits dans notre action collective. Nous pensons qu’il ne bénéficiait pas non plus de l’immunité, même au moment où les actions alléguées ont eu lieu. »