Michael Lominy, l’homme de 30 ans qui est accusé du meurtre au deuxième degré de sa mère et de sa grand-mère à Longueuil, a eu à faire face à deux reprises dans le passé à la justice en lien avec des accusations de voies de fait contre sa mère.

En novembre 2022, il avait notamment subi une évaluation psychiatrique et avait été jugé apte à comparaître. Les procédures n’étaient toutefois pas allées plus loin. Il avait été acquitté faute de preuves.

Moins d’un an plus tard, il est accusé du meurtre de sa mère, Marguerite Lominy, 67 ans, et de sa grand-mère, Marie Lamercie-Lefebvre. Les deux femmes ont été retrouvées mortes dans leur logement du boulevard Des Ormeaux à Longueuil, mercredi.

Lors d’une brève comparution en fin de matinée jeudi, Michael Lominy, qui était présent par vidéoconférence, s’est vu imposer une nouvelle évaluation psychiatrique pour déterminer s’il est apte à comparaître. Cette évaluation permet de s’assurer que l’accusé comprend bien les procédures judiciaires, a expliqué devant les journalistes la procureure de la Couronne, MErin Kavanagh.

Une demande a aussi été faite pour que Michael Lominy soit détenu à l’infirmerie de la prison et que sa médication lui soit administrée. Aucun détail n’a été divulgué sur ladite médication.

Évaluation l’an dernier

En novembre 2022, Michael Lominy s’était déjà soumis à une évaluation psychiatrique dans un autre dossier. Il faisait à l’époque face à trois chefs d’accusation en lien avec des évènements survenus le 24 octobre 2022. Selon les accusations, il se serait livré ce jour-là à des voies de fait contre sa mère en plus de menacer de brûler, détruire ou endommager le cellulaire de celle-ci et de briser un miroir, un téléviseur et un meuble.

Dans le rapport d’évaluation psychiatrique réalisé par une spécialiste de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel, on apprend que l’expertise de 15 minutes a été faite par téléconsultation le 14 novembre 2022. « Monsieur ne rapporte aucun antécédent psychiatrique, est-il écrit. Il n’aurait ainsi jamais fait l’objet d’une hospitalisation ou d’une évaluation psychiatrique. »

L’évaluation mentionne aussi que M. Lominy « explique s’être fâché contre sa mère puisqu’elle était allée porter des bijoux chez un prêteur et qu’elle les aurait ensuite perdus. Il affirme qu’en général il s’entend plutôt bien avec sa mère ». Michael Lominy aurait « nié en bloc tout symptôme psychiatrique ». Il aurait aussi nié avoir une déficience intellectuelle légère.

La conclusion de la psychiatre à l’époque sera qu’il n’y a « pas d’évidence d’un trouble psychotique ou d’une maladie affective majeure », mais qu’il pourrait y avoir de « possibles limites intellectuelles […] bien que monsieur nie ».

La psychiatre déterminera qu’il n’y a « pas de contre-indication psychiatrique à ce qu’il comparaisse ».

Marguerite Lominy n’a pas voulu témoigner contre son fils à l’époque et les procédures ne sont pas allées plus loin, explique l’ancien avocat de Michael Lominy, MDominic Larose. Ébranlé par les évènements, ce dernier dit qu’il « aurait aimé avoir une non-responsabilité en vertu de l’article 16 [du Code criminel] » à l’époque. Mais l’Institut Philippe-Pinel « a dit qu’il [Lominy] était parfait ». « Là, ils vont le ravoir et ils vont refaire leurs devoirs avec deux vies en moins », dit MLarose.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Les deux femmes ont été retrouvées mortes dans leur logement du boulevard Des Ormeaux à Longueuil, mercredi.

Sans vouloir commenter ce cas particulier, le chef du département de psychiatrie à l’Institut Philippe-Pinel, le DMathieu Dufour, rappelle que lorsque le tribunal a des doutes sur l’aptitude à comparaître d’une personne, il peut demander une évaluation psychiatrique. Mais selon la loi, seuls certains critères précis doivent être évalués à ce stade.

Le psychiatre doit notamment déterminer si la personne a un trouble de santé mentale avéré. Si ce trouble l’empêche de comprendre la nature des accusations ainsi que les conséquences du processus judiciaire. La personne doit aussi être capable de communiquer avec son avocat.

Il ne s’agit « pas d’une évaluation psychiatrique complète ni d’une évaluation de la dangerosité », dit le DDufour.

Ce dernier affirme que certains troubles mentaux sont évolutifs et qu’il est donc possible qu’une personne jugée apte à comparaître à un certain moment ne le soit plus quelques mois plus tard.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Policiers sur les lieux du drame, jeudi

Éviter la stigmatisation

Avant les incidents d’octobre 2022, Michael Lominy avait aussi fait face à des chefs d’accusation de voies de fait contre sa mère en mai 2021. Ces accusations avaient été retirées.

Responsable des communications à l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec, Vincent Vallée lance un appel à la prudence afin de ne pas associer trop rapidement violence et troubles de santé mentale. « [Trouble de santé] mentale égale souffrance. Pas violence », dit-il.

Quand on ne comprend pas une situation, on peut avoir tendance à se réfugier vers [le trouble de] santé mentale pour l’expliquer. Mais il ne faut pas faire trop rapidement d’amalgame.

Vincent Vallée, de l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec

Anie Samson, de l’Association de familles de personnes assassinées ou disparues, croit qu’il « ne faut pas stigmatiser les gens avec des troubles mentaux ». « Mais comme société, il faut se demander s’il y a des maillons faibles dans notre offre de soins. Parce que ce qu’on voit sur le terrain, c’est une hausse des cas d’homicides où il y a de la santé mentale d’impliquée », affirme-t-elle.

L’avocat MRémi Quintal représente Michael Lominy. Lors du passage de La Presse à la scène de crime mercredi soir, plusieurs voisins avaient indiqué que M. Lominy avait parfois des comportements inquiétants. Des querelles semblaient éclater dans l’appartement où il demeurait avec sa mère et sa grand-mère. M. Lominy comparaîtra à nouveau au palais de justice de Longueuil le 3 octobre.