Une famille éplorée et des voisins bouleversés : la découverte des corps de deux femmes dans un immeuble résidentiel de Longueuil mercredi a provoqué une onde de choc dans ce quartier familial. Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) traite désormais l’affaire comme un double meurtre et parle d’une « scène de crime majeure ».

Des membres de la famille des victimes étaient accompagnés de policiers et d’intervenants sociaux à l’angle du boulevard Des Ormeaux et de la rue Mousseau, mercredi. Certains étaient pliés en deux de douleur. D’autres parlaient au téléphone pour avertir leurs proches. Pour eux, le pire venait d’arriver.

De l’autre côté du périmètre établi par les policiers, des enfants jouaient entre leurs parents sous le choc : les familles vivant dans l’immeuble où s’est déroulée la tragédie. Ils ne pourraient pas réintégrer les lieux avant de longues heures. Une famille a même dû être prise en charge par la Croix-Rouge.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Les policiers du SPAL ont été appelés à intervenir dans un immeuble semblable à tant d’autres le long du boulevard Des Ormeaux.

La découverte a eu lieu vers 11 h 30 quand les policiers du SPAL ont été appelés à intervenir dans ce banal immeuble de brique brune, semblable à tant d’autres le long du boulevard Des Ormeaux.

Sur place, les agents ont trouvé les corps de deux femmes, une sexagénaire et une octogénaire. Selon les informations recueillies par La Presse, les deux victimes ont un lien de parenté. Le SPAL a d’abord considéré les morts comme suspectes, avant de confirmer en fin de journée qu’il s’agissait d’un double meurtre.

Un homme dans la trentaine se trouvait sur place à l’arrivée des policiers. Il a dû être transporté à l’hôpital pour traiter un choc nerveux.

« On l’a vu sortir, il criait comme un malade, puis sept, huit, dix [policiers] sont arrivés et lui ont sauté dessus. Il est parti en ambulance », a relaté à La Presse un voisin immédiat, qui a assisté à la scène.

Le trentenaire est considéré comme une « personne d’intérêt » dans le dossier, a indiqué Ghislain Vallières, porte-parole du SPAL. Il sera rencontré par les enquêteurs.

« Pas un appartement tranquille »

Les deux victimes et le trentenaire vivaient ensemble dans ce logement, ont assuré plusieurs voisins. « Ce n’était pas un appartement si tranquille », témoigne Clémence, qui vivait dans le même immeuble, juste en face de la scène de crime. « Il y avait des bruits, des chicanes. Je ne savais pas trop ce qui se passait. La police est déjà venue. Lui, je l’ai déjà vu menotté, ça me faisait peur », ajoute la mère de famille, qui espère désormais déménager.

« Ce n’est pas la première fois que la police allait là », confirme aussi le voisin qui a assisté au départ en ambulance du trentenaire. Sans se connaître, les deux hommes se croisaient. « Il me demandait tout le temps des cigarettes, du papier à rouler », souligne ce voisin.

Selon plusieurs autres voisins rencontrés par La Presse, cet homme avait parfois des propos ou une attitude inquiétants. « Il avait une forte odeur de cigarette ou de cannabis. Il portait des accoutrements bizarres, avec un chapeau qui cachait son visage, illustre Clémence. Les enfants avaient peur. »

Un large périmètre de sécurité a été érigé aux alentours de l’immeuble mercredi. Un deuxième périmètre plus petit a aussi été installé de l’autre côté de la rue, sur le boulevard Des Ormeaux. « C’est une scène de crime d’importance, même majeure, qui est appelée à évoluer », a expliqué l’agent Vallières, sur place.

Des enquêteurs et une équipe spécialisée en expertise médico-légale ont été appelés sur les lieux pour établir la chronologie des évènements et les circonstances des meurtres. Des équipes dédiées à la santé mentale ont aussi été dépêchées pour accompagner la famille des victimes, ajoute M. Vallières.

« C’est inquiétant »

Au fur et à mesure qu’ils revenaient du travail ou de l’école et apprenaient la nouvelle, les gens du voisinage se troublaient.

« C’est intense, c’est sûr que j’ai des inquiétudes, parce qu’il y a beaucoup d’enfants ici », observe Jessica Rendon, qui vit de l’autre côté de la rue.

« Un double meurtre par ici, ça m’inquiète, parce que d’habitude, c’est un quartier assez tranquille », assure aussi un homme qui habite un peu plus loin, de son balcon.

Le secteur n’a cependant pas si bonne réputation. « Ici, ce sont des familles, des gens sous le seuil de la pauvreté qui essaient de s’en sortir », raconte une passante dont la mère vit tout près. « L’autre jour, quelqu’un a mis le feu aux poubelles, dans son bloc. »

Une autre mère de famille, qui vit dans le même immeuble que les victimes, s’attriste : « Ce n’est pas facile du tout », confie-t-elle.

Toute personne inquiète peut contacter des services d’urgence

Le SPAL recommande à toute personne qui vivrait des inquiétudes ou des difficultés en lien avec ces évènements de faire appel à leur centre de crise régional ou encore aux services d’urgence en composant le 911.