Fadi Hamdan n’avait pas besoin de cet argent. Mais par pure cupidité, cet employé d’une grande banque a dépouillé les économies d’une vie d’un octogénaire vulnérable qui lui vouait une confiance absolue. Ce fraudeur a été condamné à une sévère peine de 30 mois d’emprisonnement mercredi.

« M. Visvardis a donné toute sa confiance à M. Hamdan en signant la procuration. Il a été floué par une personne qu’il considérait son ami », a souligné le juge Yves Paradis mercredi au palais de justice de Montréal.

Fadi Hamdan, 56 ans, occupait un poste de direction à la Banque Nationale en 2018 quand il a rencontré Demetre Visvardis. L’homme de 89 ans résidait au même CHSLD que la mère du fraudeur. Les deux hommes se sont alors liés d’amitié.

L’octogénaire, sans héritier, faisait tellement confiance à Fadi Hamdan qu’il lui a signé une procuration pour gérer ses avoirs. Quoi de mieux qu’un conseiller financier respecté pour gérer les finances d’un homme malade et vulnérable ?

Or, Fadi Hamdan s’est mis à piger dans les fonds de son ami pour son propre bénéfice. Trois ans plus tard, il restait moins de 2000 $ dans les comptes de la victime. Une fraude majeure de 432 000 $. Fadi Hamdan a notamment utilisé 43 700 $ pour s’acheter un terrain en Équateur, tout en cotisant aux REEE de ses enfants à même les avoirs de la victime.

Une fraude « préméditée et planifiée », selon le juge Paradis.

La défense a bien tenté de plaider que cette somme était en quelque sorte l’héritage accordé à l’avance à Fadi Hamdan. Une thèse rejetée par le juge.

« M. Visvardis était une personne âgée particulièrement vulnérable. Il n’avait aucune famille au Canada. Il vivait seul. Il souffrait de dégénérescence maculaire qui l’empêchait de lire et de problème de dos qui limitaient considérablement ses déplacements. […] Il avait confiance que M. Hamdan gérait son patrimoine dans son intérêt. Cet abus de confiance de la victime constitue un facteur aggravant », conclut le juge Paradis.

Fadi Hamdan n’avait aucune difficulté financière et gagnait bien sa vie, insiste le juge. Ses seules motivations : « L’appât du gain et la cupidité ».

En bref, il y a « peu » de facteurs atténuants et d’importants facteurs aggravants. C’est pourquoi le juge a suivi la suggestion de la Couronne en imposant une peine de 30 mois d’emprisonnement. La défense réclamait deux ans moins un jour de prison à purger dans la collectivité ou 12 mois de prison ferme.

Également, Fadi Hamdan devra payer une amende de 154 269 $ d’ici cinq ans. S’il ne le fait pas, il sera condamné à 2 ans de prison supplémentaire.

Notons que Demetre Visvardis est mort en mai 2020 à 91 ans. Il a légué tous ses biens à des organismes de bienfaisance.

MNicolas Ammerlaan a représenté le ministère public, alors que MFrançois Taddeo a défendu l’accusé.