Les enquêteurs de la Division du crime organisé du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont effectué jeudi matin une perquisition chez Stefano Sollecito, à Blainville, dans la couronne nord de Montréal, a appris La Presse.

Sollecito, 55 ans, est toujours considéré par la police comme l’un des chefs du clan des Siciliens de la mafia montréalaise.

On ignore les raisons de cette perquisition, mais elle pourrait, selon nos informations, être liée à l’importante enquête en cours amorcée par le SPVM et la Sûreté du Québec (SQ) après que l’ancien tueur à gages du crime organisé Frédérick Silva eut commencé à collaborer avec la police, il y a un an.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le domicile de Stefano Sollecito, dans le quartier Fontainebleau à Blainville

Si c’est le cas, ce serait la première opération policière menée dans le cadre de cette enquête depuis que celle-ci a débuté à l’été 2022. D’autres opérations sont à prévoir.

Il s’agit d’une perquisition en cours d’enquête et aucune accusation n’a été déposée pour le moment.

Des policiers de l’escouade Éclipse du SPVM, spécialisée dans la surveillance des établissements licenciés et la collecte de renseignements, ont également pris part à la perquisition.

Acteur influent

En novembre 2015, lors de l’opération Magot-Mastiff par laquelle la Sûreté du Québec a décapité une alliance mafia-motards-gangs qui dirigeait le crime organisé montréalais, la police avait identifié Stefano Sollecito et le fils cadet de Vito Rizzuto, Leonardo, comme les nouveaux chefs de la mafia.

Durant l’enquête, les policiers avaient installé des micros et des caméras dans la salle de conférence du bureau de l’ancien criminaliste Loris Cavaliere et ils avaient entendu Stefano Sollecito, Leonardo Rizzuto et le chef de gang Gregory Woolley se questionner sur la loyauté des frères Scoppa, et sur la possibilité de tirer dans la poitrine d’un individu.

« Il surveille mes arrières, je surveille les siens », avait notamment déclaré Stefano Sollecito au sujet de Woolley.

Stefano Sollecito et Leonardo Rizzuto avaient été accusés de gangstérisme et de complot pour trafic de cocaïne dans la foulée de l’enquête Magot-Mastiff, mais ils avaient été acquittés trois ans plus tard parce qu’un juge avait conclu que l’écoute dans le bureau de Loris Cavaliere était illégale.

Les familles Rizzuto et Sollecito sont associées depuis au moins 30 ans. Le père de Stefano, Rocco Sollecito, a été assassiné à Laval en 2016, dans le cadre d’une tentative de putsch fomentée par les frères Scoppa, des Calabrais.

Une page d’histoire sera tournée

Après avoir pris la décision de collaborer avec la police, Silva a fait des dizaines de déclarations qui pourraient permettre d’élucider plusieurs meurtres et autres contrats exécutés au sein du crime organisé montréalais ces dernières années.

Ces déclarations sont au cœur d’une importante enquête menée par le SPVM et la SQ dont l’aboutissement pourrait avoir un grand impact dans le milieu du crime organisé montréalais. Les enquêteurs des Crimes majeurs du SPVM et leurs collègues des Crimes contre la personne et de la Division des enquêtes sur les meurtres reliés au crime organisé de la Sûreté du Québec sont également impliqués.

Silva purge une peine d’emprisonnement à vie sans admissibilité à une libération conditionnelle avant 25 ans pour les meurtres de trois hommes, dont l’ex-motard Sébastien Beauchamp, commis à l’automne 2018, et une tentative de meurtre perpétrée contre le mafioso Salvatore Scoppa – aujourd’hui mort – en 2017.

Cette enquête en cours pourrait être l’une des toiles de fond de tensions qui existent actuellement au sein du crime organisé montréalais.

Le 15 mars, Leonardo Rizzuto a été victime d’une tentative de meurtre alors qu’il était au volant de son véhicule sur l’autoroute 440, à Laval.

Le 5 juin, un ancien lieutenant du clan Rizzuto, rallié depuis aux motards, Francesco Del Balso, a été assassiné dans l’ouest de Montréal.

Le meurtre de Claudia Iacono, commis le 16 mai à Montréal, serait également lié à ces tensions. Il s’agirait toutefois d’une erreur sur la personne.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.