(Joliette) Stéphanie Tanguay célébrait son 35e anniversaire avec deux amies. L’alcool coulait à flots. Malgré une mise en garde, la fêtée a pris le volant en état d’ébriété. Une décision qui a coûté la vie de sa meilleure amie. Reconnue coupable sur toute la ligne mardi, elle risque une longue peine de prison.

« La sortie de route résulte principalement d’un manque d’attention relié à l’état de facultés affaiblies de l’accusée et du fait que sa vitesse était près du double de celle permise dans une zone de 50 km/h », a résumé le juge Normand Bonin mardi, au palais de justice de Joliette.

Stéphanie Tanguay, 38 ans, a ainsi été déclarée coupable de trois chefs d’accusation pour avoir causé la mort de Jasmine Charette, le 8 novembre 2019, par sa négligence criminelle, en conduisant son véhicule avec les facultés affaiblies et avec un taux d’alcool plus élevé que la limite permise.

PHOTO TIRÉE DU FACEBOOK DE STÉPHANIE TANGUAY

Stéphanie Tanguay

Deux heures après la collision, Stéphanie Tanguay présentait un taux d’alcoolémie de 0,116 (116 mg d’alcool par 100 ml de sang), donc plus élevé que la limite permise de 0,08.

« Une personne qui a bu et qui conduit devrait être sensible que ses réflexes et son jugement puissent ne peut plus être les mêmes », rappelle le juge Bonin.

Cette évidence, Michèle Parsons la connaissait. Avant de partir avec un service de raccompagnement, vers 0 h 30, elle avait averti ses amies Stéphanie Tanguay et Jasmine Charette de ne pas conduire leur véhicule. Le trio avait consommé des bouteilles de vin, du mousseux et des shooters pendant des heures dans un resto-bar de Terrebonne.

Mais cet avertissement n’a pas eu d’effet salvateur, car Stéphanie Tanguay a quand même pris sa voiture. Ni elle ni sa passagère Jasmine Charette ne portaient leur ceinture de sécurité. Une vidéo de surveillance présentée en preuve montre à quel point sa conduite était erratique vers 3 h 20, dans le stationnement d’un restaurant.

Sur les images, on peut voir le véhicule de l’accusée monter sur un trottoir en se trompant d’entrée au service à l’auto du Tim Hortons. Elle rebrousse ensuite chemin, mais peine à rouler en ligne droite. Elle frôle carrément un lampadaire pendant sa manœuvre, pourtant à basse vitesse.

Selon le juge, ces images montrent des manœuvres « manifestement erratiques » et sont des « indications manifestes » des facultés affaiblies de Stéphanie Tanguay. Aussi, au moment de payer, la conductrice cherche longuement sa carte et prend même 1 minute 30 pour faire le paiement. L’employée du restaurant juge alors sa cliente intoxiquée.

Le tragique dénouement survient à peine quelques minutes plus tard. En empruntant la rue Armand-Majeau, vers Saint-Roch-de-l’Achigan, Stéphanie Tanguay circule à plus de 90 km/h dans une zone de 50 km/h. Une légère courbe, pourtant bien annoncée, pointe à l’horizon. Or, la conductrice poursuit en ligne droite, en direction du fossé. Le choc est brutal. Jasmine Charette meurt sur le coup. La voiture est démolie.

  • Sur cette image, on peut voir la légère courbe que Stéphanie Tanguay n’a pas été en mesure d’emprunter.

    PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

    Sur cette image, on peut voir la légère courbe que Stéphanie Tanguay n’a pas été en mesure d’emprunter.

  • Le véhicule de Stéphanie Tangiay a heurté un ponceau dans le fossé.

    PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

    Le véhicule de Stéphanie Tangiay a heurté un ponceau dans le fossé.

  • Cet angle permet de voir la configuration de la route à cet endroit.

    PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

    Cet angle permet de voir la configuration de la route à cet endroit.

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Selon le juge, Stéphanie Tanguay n’a pas été « victime de la configuration de la route et de l’environnement », comme le soutenait la défense. Au contraire, sa responsabilité est totale : elle a consommé une quantité « importante » d’alcool, elle a conduit malgré la mise en garde de son amie, et ce, à grande vitesse, et sans ceinture de sécurité.

En outre, elle a démontré une insouciance « déréglée et téméraire » pour sa vie et celle de sa passagère, estime le juge.

« Nous sommes satisfaites de la décision du juge qui a suivi la théorie de la poursuite dans le dossier. Cette histoire impliquant Mme Tanguay est une tragédie. Rien ne ramènera malheureusement à la vie la victime, mais nous espérons que le jugement sur la culpabilité permettra de mettre un certain baume sur les blessures des membres de la famille et des amis de la victime et leur permettra d’avancer dans leur cheminement vers la guérison » a commenté à La Presse la procureure de la Couronne MJade Coderre, qui a fait équipe avec MAlexe Champagne-Lessard.

PHOTO TIRÉE DU SITE DU RÉSEAU DIGNITÉ

La victime, Jasmine Charette, avait 35 ans

Les observations sur la peine auront lieu à la fin du mois d’août, le temps de laisser la défense produire un rapport pour établir le profil de la délinquante. Celle-ci est défendue par MRoxane Hamelin et Me Élodie Leygues.