Les déboires de l’ex-maire de Sorel-Tracy Serge Péloquin se poursuivent. L’ancien élu fait maintenant face à des accusations criminelles pour avoir espionné le greffier de la Ville, un épisode qui lui a coûté son poste de maire l’an dernier. Il risque cette fois la prison s’il est reconnu coupable.

L’homme de 64 ans est accusé de deux crimes sérieux : abus de confiance par un fonctionnaire et interception de communications privées. Il aurait commis ces crimes entre le 7 novembre 2020 et le 12 avril 2021 au moyen d’une « caméra », indique la sommation déposée le 21 juillet dernier.

Serge Péloquin devra ainsi comparaître le 28 août prochain au palais de justice de Sorel-Tracy.

Il s’agit d’une chute monumentale pour ce maire jadis populaire. Il avait d’ailleurs été élu avec des majorités importantes en 2017 et 2021. Or, en juin 2022, la Cour supérieure du Québec l’a déclaré inhabile à exercer ses fonctions pendant un an, confirmant ainsi les conclusions de la Commission municipale du Québec.

Alors qu’il était maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin aurait dissimulé un appareil d’enregistrement dans le bureau du greffier de la municipalité afin de l’espionner. Le maire aurait agi ainsi parce qu’il soupçonnait le greffier de certains manquements. Le fonctionnaire visé aurait découvert l’appareil en avril 2022.

La Commission municipale du Québec a déterminé que Serge Péloquin avait abusé de ses fonctions en agissant ainsi. La Sûreté du Québec et l’Unité permanente anticorruption s’étaient ensuite intéressées au dossier.

Dans une lettre ouverte publiée dans La Presse, quelques jours après sa destitution, Serge Péloquin disait reconnaîtra avoir commis une « faute de bonne foi ». Il défendait alors sa démarche auprès du greffier de la Ville.

« J’ai risqué ma carrière pour faire la lumière sur une situation interne qui me semblait majeure et très préoccupante, j’ai exprimé ces mêmes inquiétudes à l’interne et ils ont fermé les yeux. […] Je n’aurais pas dû m’y prendre de cette façon, mais ce choix de captation audio me semblait le seul à ma disposition, dans les circonstances, afin d’amasser une preuve fiable, authentique et irréfutable qui ne reposait pas uniquement sur mon témoignage », écrivait Serge Péloquin.

Avec Isabelle Ducas, La Presse