Il avait 25 ans. Elle, à peine 10 ans. Pendant des mois, un cyberprédateur récidiviste a abusé d’une toute jeune fille amoureuse à coups de « chantage émotif » et de photos sexuellement explicites. Il tenait à garder secrète leur « relation ». Tommy-Lee Goneau risque maintenant d’être déclaré délinquant à contrôler.

Le Montréalais de 27 ans a plaidé coupable, à la fin de juin, à plusieurs chefs d’accusation au palais de justice de Montréal : leurre informatique, incitation à des contacts sexuels d’une mineure de moins de 16 ans, production et accès à de la pornographie juvénile.

« Une rechute ». C’est ainsi que Tommy-Lee Goneau a expliqué ses gestes aux enquêteurs après son arrestation à l’été 2022. Quand il s’en est pris à cette préadolescente, le cyberprédateur était sous le coup d’une probation de trois ans qui lui interdisait d’entrer en contact avec des mineurs. En juillet 2019, il avait été condamné à un an de prison pour trois chefs de leurre au palais de justice de Saint-Jérôme.

En avril 2022, Tommy-Lee Goneau rencontre la victime, alors âgée de 10 ans, sur le jeu Fortnite, extrêmement populaire chez les jeunes. Ils commencent à discuter sur le réseau social Snapchat. Au départ, la victime dit à l’homme de 25 ans être âgée de 16 ans, bientôt 17 ans. Plus tard, elle lui dira avoir 15 ans. Il n’est donc pas établi que l’accusé connaissait l’âge réel de sa victime.

Même si leurs échanges étaient seulement virtuels, les deux se considéraient comme en « relation ». « Les deux se sentaient amoureux l’un de l’autre », a résumé le procureur de la Couronne MHugo Rousse. Mais Tommy-Lee Goneau ne voulait pas que leur « relation » se sache.

Pendant des mois, le cyberprédateur envoie de nombreuses photos de son pénis à la victime. La jeune fille lui fait parvenir des dizaines de photos explicites de son corps, en plus de se prêter à plusieurs séances « en direct » par caméra devant Tommy-Lee Goneau, qui se masturbe.

Ils s’échangent ainsi vidéos, photos, audio et messages sur de nombreuses plateformes en ligne, dont Snapchat, Discord et TikTok. D’ailleurs, une recherche rapide nous a permis de découvrir que Tommy-Lee Goneau possède de nombreux comptes sur les réseaux sociaux, dont au moins neuf seulement sur Instagram.

Délinquant à contrôler ?

Si le cyberprédateur a produit de la pornographie juvénile, c’est lors de séance de « sextage » avec la victime, donc lors de conversations écrites.

« Par des mots, il va mettre en position des enfants. Il va demander [à la victime] quoi faire et va lui dire ce qu’il souhaiterait qu’elle fasse. Je pense que pour la sentence, il sera pertinent que je vous donne des exemples. [Ça montre] toute l’intimité qu’il y avait entre les deux », a expliqué MRousse au juge Pierre E. Labelle.

Tommy-Lee Goneau se prêtait également à du chantage à l’égard de la victime. Selon le procureur, il s’agissait davantage de « chantage émotif » que du type de chantage généralement exercé par un cyberprédateur, où celui-ci menace de publier en ligne des photos de la victime s’il n’en reçoit pas d’autres.

À la fin d’août, après des mois d’échanges, la mère de la victime a finalement découvert le pot aux roses en mettant la main sur le cellulaire de sa fille. Après son arrestation, Tommy-Lee Goneau a dit aux enquêteurs qu’il avait « besoin d’aide », même s’il était déjà allé en thérapie.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, LA PRESSE

MHugo Rousse, procureur de la Couronne, au palais de justice de Montréal

Le procureur de la Couronne a annoncé au tribunal « réfléchir sérieusement » à la possibilité de demander au juge de faire évaluer Tommy-Lee Goneau afin de déterminer s’il doit être déclaré délinquant à contrôler. S’il écopait de cette étiquette, le jeune homme pourrait être soumis à une stricte surveillance de longue durée à sa sortie de détention.

Le dossier reviendra en cour en septembre prochain. MAnn Wasaja représente l’accusé.