La tendance à la baisse des violences armées dans la métropole, constatée depuis le début de l’année, s’est poursuivie en juin.

Selon des statistiques préliminaires obtenues par La Presse auprès du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), 11 évènements avec coups de feu sont survenus à Montréal en juin, comparativement à 13 en juin 2022 et 22 en juin 2021.

Au cours des six premiers mois de 2023, 69 évènements de coups de feu (décharges sans victime, meurtres et tentatives de meurtre) sont survenus à Montréal, 28 de moins que pour la même période en 2022 (97), ce qui représente une baisse de presque 29 %.

« Effectivement, actuellement, nous assistons à une baisse, mais nous ne crions pas victoire en restant assis sur nos lauriers », commente Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé (DCO) du SPVM.

Parmi les 11 évènements du mois de juin de cette année, on dénombre sept décharges d’arme à feu sans victime, deux tentatives de meurtre et deux meurtres, dont celui de Francesco Del Balso, survenu le 5 juin, près d’un centre de conditionnement physique de Dorval, dans l’ouest de l’île de Montréal.

Nous ne sommes pas dupes. On pourrait être à une fin de semaine près d’évènements significatifs qui feraient changer la tendance. L’été est jeune. On commence juillet. Nous ne sommes pas à l’abri et nous restons aux aguets.

Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM

Au cours des six premiers mois de l’année, les policiers du SPVM ont saisi 444 armes à feu, comparativement à 299 pour la même période durant les années 2022 et 2021.

Plus de la moitié des 444 armes à feu saisies en 2023 l’ont été au mois de juin (144) et au mois de mai (118) seulement, avant l’été qui est habituellement la saison durant laquelle on enregistre le plus d’évènements de violence armée.

Rôle clé de l’Antigang

Le commandant Renaud explique la diminution des violences armées notamment par le fait que les enquêteurs de l’Antigang ont appréhendé, le printemps dernier, des individus reliés à un gang de rue violent du nord-est de Montréal, impliqué dans plusieurs évènements depuis deux ans.

Il souligne également le travail des enquêteurs des Crimes majeurs qui ont arrêté des membres d’un gang et perquisitionné dans leurs résidences dans le cadre d’une enquête d’homicide, il y a quelques semaines.

« Les arrestations par l’Antigang ont été significatives parce que nos sources nous en ont parlé et nous ont dit que ces arrestations avaient fait mal dans le milieu et changé la donne. Quant aux arrestations faites par les Crimes majeurs, elles ont servi à envoyer un message dans le milieu des gangs, et l’opération a bien amorcé l’été », explique Francis Renaud.

Celui-ci note la création récente d’équipes spécialisées appelées Collectifs qui ciblent spécifiquement des individus connus de la police pour leur comportement « dangereux et à haut risque ».

Le SPVM a également ajouté des effectifs à la lutte contre les violences armées dans le cadre d’une offensive baptisée Arrêt.

Un « fléau » malgré tout

Il y a également les enquêteurs des Équipes multisectorielles dédiées aux armes à feu (EMAF), leurs collègues des Stupéfiants et les membres de l’escouade Éclipse, spécialisée dans la surveillance des bars et la collecte de renseignement, qui sont autant de fers de lance contre les violences armées.

Les enquêteurs du SPVM sont aussi appuyés par leurs collègues d’autres corps de police, notamment de la Sûreté du Québec, entre autres dans les Équipes intégrées de lutte contre le trafic d’armes (EILTA) dont ils font partie, dans le cadre de la stratégie québécoise de lutte contre la violence armée Centaure.

Les jeunes, la société en général, je pense que tout le monde a mis son pied à terre pour démontrer que la violence armée, on n’en veut pas. C’est un fléau, mais malheureusement, ça existe.

Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM

« On parle beaucoup [de la violence armée], mais il faut continuer à en parler, estime M. Renaud. Il faut s’attaquer au problème sur plusieurs flancs, avec différents intervenants. La violence armée n’est pas seulement la responsabilité des policiers. Elle doit être partagée par l’ensemble de la société. »

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.