Dans leurs scénarios, elle se disait être son « esclave ». Elle était prête à tout pour plaire à son « Maître K ». Même à lui livrer en pâture sa fille de 7 ans. Cette mère de Laval a été condamnée le 3 juillet dernier à six ans de pénitencier pour son rôle dans cette affaire particulièrement sordide.

« L’accusée et M. Louali avaient entamé un plan clair et extrêmement dégradant pour abuser de cette enfant », a résumé lundi la procureure de la Couronne, MClaudia Ossio, lors des observations sur la peine de l’accusée au palais de justice de Laval.

Pour protéger l’identité de l’enfant, nous ne pouvons nommer la Lavalloise de 47 ans, qui a plaidé coupable l’an dernier à plusieurs chefs d’accusation, dont contact sexuel, production de pornographie juvénile, entrave et ne pas avoir fourni les choses nécessaires à l’existence d’un enfant.

Surnommé « Maître K », Koceila Louali est un personnage central dans ce dossier. Il bénéficie toutefois de la présomption d’innocence, puisque son procès est prévu en septembre prochain.

L’homme de 50 ans est accusé d’avoir conclu un « arrangement » pour agresser sexuellement la fillette. Il fait aussi face à une vingtaine d’accusations pour proxénétisme et pour avoir agressé sexuellement de nombreuses femmes.

Une participation active de la mère

La mère rencontre Koceila Louali sur un site spécialisé dans le but d’avoir des relations sexuelles de type BDSM (bondage, domination, soumission et sadomasochisme). Elle est alors la « dominée ». Leur relation consentante prend toutefois une tournure criminelle lorsque la fille de 7 ans de la femme est impliquée dans leur perversion sexuelle.

Les discussions virtuelles entre Louali et la mère sont si explicites et dégradantes qu’elles relèvent de la production de pornographie juvénile. Il est question, entre autres, de scénarios sexuels particulièrement « odieux » impliquant la fillette, qu’on ne peut décrire ici.

Dans ces échanges, la mère réfère à sa fille comme « votre fille ou votre petite chienne » et écrit que ce serait un « énorme privilège » si sa fille pouvait porter la « future génération d’esclaves de notre Maître ».

La mère envoyait de plus à Koceila Louali des photos où elle touchait sa fille et d’autres photos de l’enfant nue en décrivant des fantasmes impliquant Louali et l’enfant.

PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM

Koceila Louali (aussi connu sous le nom de « Maître K ») est accusé d’avoir conclu un « arrangement » pour agresser sexuellement la fillette.

Selon le récit de l’enfant aux policiers, « Monsieur K » venait parfois chez elle et appelait sa mère « sa chienne ». Il l’aidait même dans ses devoirs. L’enfant relate qu’une fois, l’homme lui a touché les parties intimes et a appelé sa mère pour qu’elle regarde la scène. Il s’agissait du « plus grand secret du monde », selon l’homme.

Dans un courriel écrit à Louali, la mère fait référence à cette agression. Elle écrit avoir expliqué à sa fille qu’il s’agissait d’un « jeu et de caresses spéciales » et que son « papa » allait en demander souvent. Elle poursuit en décrivant à Louali de quelle façon elle encourage sa fille à aller plus loin encore avec son « papa ».

Après cet épisode, l’enfant se confie à la directrice de son école et la DPJ la retire temporairement de chez elle. Elle y retourne toutefois quelques jours plus tard. La mère écrit alors à Louali avoir expliqué à sa fille qu’elle avait fait une « faute énorme » et l’a sommée de ne jamais en parler. La mère raconte avoir avisé sa fille de la version à donner au médecin et qu’une erreur de sa part la ferait retourner avec la DPJ.

Une « emprise complète » sur la mère

En liberté, la femme s’est présentée seule avec son sac à dos, le 3 juillet dernier, prête à être emprisonnée. Devant le juge, elle a expliqué qu’elle savait que sa relation avec Louali « allait trop loin », mais qu’elle avait « fait l’autruche » par peur d’être rejetée ou de déplaire.

« Aucune parole ne peut pardonner mes gestes. Ma fille est la victime. Elle est innocente. Elle avait tellement confiance en moi. Je lui ai promis de la protéger et j’ai failli à cette promesse. […] Je m’en veux énormément depuis ce jour. Je vis de la culpabilité, de la honte. Je ne cesse d’essayer de comprendre pourquoi j’ai agi ainsi », a témoigné la mère, repentante.

« Comprenez que c’est un wake-up call. Vous savez que vous devez travailler cette problématique, sinon on va vous revoir dans quelques années », l’a prévenue le juge Serge Cimon, qui a entériné la suggestion commune des parties.

Cette peine de six ans de détention tient compte des nombreux facteurs aggravants dans ce dossier, mais également de « l’emprise complète » que l’homme avait sur la mère, a expliqué la procureure de la Couronne MOssio.

Même si son risque de récidive est faible selon les rapports, ce risque « existe », a averti MOssio. Selon l’avocate de la défense, MCynthia Payer, sa cliente présente une « amorce de réhabilitation » et exprime des remords.