Une proxénète qui faisait « travailler » une jeune femme du matin jusqu’à la nuit risque maintenant la prison. Roxanne Lacasse hébergeait de nombreuses escortes dans sa résidence, transformée en maison de passe. Son complice violent a déjà écopé de trois ans de prison.

La Lavalloise de 34 ans a plaidé coupable lundi matin au palais de justice de Montréal à des chefs de proxénétisme et d’avantage matériel provenant de la prestation de services sexuels.

Roxanne Lacasse était considérée comme une « bookeuse ». En août 2019, elle a accueilli chez elle une femme de 20 ans, qui était déjà escorte. La résidence lavalloise de Roxanne Lacasse faisait office de maison de passe puisque plusieurs autres filles y travaillaient. Notons que celles-ci n’ont fait l’objet d’aucune enquête policière.

La victime dans ce dossier « travaillait » de longues heures : de 10 h du matin à 3 h dans la nuit. C’est Roxanne Lacasse qui s’occupait de lui trouver les clients. La femme devait remettre de 40 $ à 60 $ à sa proxénète pour chaque client, selon les faits présentés à la cour par la procureure de la Couronne MDelphine Mauger.

« [La victime] était déjà escorte. Il n’y a pas eu de violence psychologique ou verbale », a nuancé l’avocat de la défense MAnthony El-Haddad.

Un coaccusé violent

Le coaccusé de Roxanne Lacasse, Wooldy Laguerre, a déjà écopé de trois ans d’emprisonnement pour proxénétisme, en décembre dernier. Le Montréalais de 31 ans a exploité la même victime que sa complice dans cette affaire, se montrant toutefois particulièrement violent.

« Le lendemain matin, lorsqu’elle dort, M. Laguerre la réveille, lui prend le bras et lui dit qu’il allait toutes les tuer et qu’il avait assez de balles pour elles », indique le résumé des faits.

La victime pouvait faire entre 5000 $ et 7000 $ par semaine si elle travaillait tous les jours. Wooldy Laguerre accaparait l’entièreté de ses gains. Il lui lançait des reproches si elle était trop fatiguée ou si elle ne pouvait pas travailler. La victime s’obligeait à prendre les clients, « car elle ne savait pas ce qui allait lui arriver si elle refusait ».

« Alors qu’il est intoxiqué, M. Laguerre lui dit qu’il a déjà enfermé une femme dans une salle de bain une journée complète et que lorsqu’il a ouvert la porte, elle s’est enfuie. Il ajoute qu’il pourrait très bien faire la même chose avec elle », rapporte le résumé des faits.

Wooldy Laguerre a fait une autre victime : une fille qui vivait en famille d’accueil. Son âge n’est pas indiqué dans le document de cour. Quand la victime accueille son premier « client », le proxénète se cache dans l’armoire de la chambre pour l’observer. Cette victime va « travailler » pendant quelques mois à Québec, Trois-Rivières et Laval.

« Un jour, alors que les deux femmes [la victime et une autre femme] se trouvent dans la voiture conduite par l’accusé, ce dernier montre ce qui leur semble être une arme à feu. Une fois arrivés chez [X], vers 1 h du matin, ils sont allés en arrière de la résidence. M. Laguerre a alors tiré un coup de feu dans les bois », relate le résumé des faits.

Les observations sur la peine auront lieu cet automne dans le dossier de Roxanne Lacasse.