Une femme agressée sexuellement simplement parce qu’elle est une femme : un juge a dénoncé fermement vendredi la « barbarie » d’un prédateur sexuel tout juste sorti de prison qui s’en est pris sauvagement à une pure inconnue dans les rues de Montréal.

« Me voici donc confronté une fois de plus à un homme qui a cru bon s’attaquer à une femme parce que c’était une femme », a dit le juge Pierre E. Labelle, cinglant, vendredi, au palais de justice de Montréal. Il a également dénoncé l’agression sexuelle comme étant une « tentative de prise de pouvoir » sur les femmes.

Le magistrat a entériné la suggestion commune des avocats et a condamné David Catudal à quatre ans et demi d’emprisonnement. L’homme de 37 ans avait plaidé coupable en mars à un chef d’agression sexuelle causant des blessures.

Le juge Labelle a tenu à souligner le « courage et la résilience » de la victime de ce prédateur sexuel.

« Les conséquences de cette attaque sur la victime sont profondes et sévères. Malheureusement, elles seront présentes à long terme. Quiconque entretient des doutes sur les effets dévastateurs de ce genre d’attaques peut écouter le témoignage de la victime. C’était à glacer le sang », a affirmé le juge Labelle.

« Je formule le souhait qu’elle puisse être bien entourée, qu’elle reçoive les soins nécessaires à sa condition pour aussi longtemps qu’elle pourrait en avoir besoin. Que les belles paroles des politiciens se transforment en gestes concrets », a insisté le juge.

Nuit cauchemardesque

Martine (nom fictif) a vécu un véritable cauchemar dans la nuit du 4 au 5 mai 2022. En sortant de la station de métro Papineau vers 21 h 15, la femme se perd dans le quartier et croise, par malheur, un homme qui décide de marcher à ses côtés sans qu’elle le demande.

« Je m’appelle David et je sors de prison », lui lance David Catudal. Ce dernier purgeait en effet une peine de prison la fin de semaine pour une affaire d’agression armée survenue en 2019. Il venait donc de sortir d’un bref séjour à la prison de Bordeaux.

Arrivé à la rue Notre-Dame, David Catudal devient agressif et agrippe Martine par son sac à dos pour l’attirer vers un terrain boisé, non loin. Il fait une prise d’encolure à la victime et la traîne jusqu’à un secteur isolé, près du fleuve, où il y a quelques arbustes.

Pour survivre, la victime décide de « se laisser faire ». David Catudal l’embrasse, la jette au sol, déchire son pantalon et l’agresse sexuellement. Il dit à sa victime qu’il n’a pas eu de relation sexuelle depuis « longtemps ».

David Catudal fait une autre prise d’encolure à Martine, qui pense alors que son heure est venue. « Ça y est, je vais y passer », se dit-elle. Mais grâce à une poussée d’adrénaline exceptionnelle, elle réussit à se relever, même si son agresseur est sur son dos. Dans la rue, un autobus s’arrête et la laisse monter.

Le portrait de David Catudal demeure inquiétant. Son risque de récidive est jugé « modéré », voire de « modéré à élevé », selon les rapports. On évoque également son « problème de contrôle » et ses problèmes de consommation, a résumé le juge.

Compte tenu du temps passé en détention préventive, il reste 40 mois à purger à l’accusé.

Me Jérôme Laflamme a représenté le ministère public, alors que MMarie-Hélène Giroux a défendu l’accusé.