L’ancien juge de la Cour suprême du Canada Louis LeBel est mort jeudi à Québec. Il avait 83 ans.

Louis LeBel a siégé comme juge de la Cour suprême du Canada de 2000 à 2014. Récipiendaire de nombreuses distinctions pendant ses 60 ans de pratique juridique, Louis LeBel a notamment reçu la prestigieuse médaille du Barreau du Québec, en 2000. Le juriste a également joué un rôle central dans la mise en œuvre du nouveau Code civil du Québec, au début des années 1990, et, plus récemment, était devenu le premier fiduciaire de La Presse.

Louis LeBel était l’époux de Louise Poudrier, avocate et ancienne professeure titulaire à la faculté de droit de l’Université Laval. Il laisse également dans le deuil ses trois enfants, Paul, Catherine et François, ainsi que ses nombreux petits-enfants.

Louis LeBel était un « grand juriste » qui laisse derrière lui un « apport inestimable à la profession », a commenté la bâtonnière du Québec, MCatherine Claveau. « Il a notamment contribué à faire en sorte que la justice prenne en considération la réalité autochtone lors de la détermination des peines, un enjeu primordial », a-t-elle ajouté.

Le milieu juridique endeuillé

La mort de Louis LeBel a suscité de nombreuses réactions dans le monde juridique.

« Les juges et le personnel sont attristés par le décès du juge LeBel, un homme d’une sagesse et d’une collégialité exemplaires », a exprimé le juge en chef du Canada, Richard Wagner, dans un communiqué. Il a décrit Louis LeBel comme « un homme gentil et empathique envers ses collègues et le personnel », qui « lègue en héritage juridique des décisions éloquemment rédigées ».

Anne-Marie Laflamme, doyenne de la faculté de droit de l’Université de Laval, s’est dite profondément attristée d’apprendre la mort d’un « juriste d’exception qui a contribué de façon remarquable à l’avancement du droit et de la jurisprudence au pays ».

L’ancien juge était spécialisé en droit du travail, mais « sa connaissance du droit était encyclopédique », a affirmé MJean-François Gagnon, chef de la direction du cabinet Langlois, où Louis LeBel a travaillé comme avocat-conseil après sa retraite de la Cour suprême. « Il était infiniment respecté », a poursuivi MGagnon, soulignant au passage l’« immense modestie » de l’ancien juge.

« Son apport à la profession et à la communauté juridiques est inestimable et il a laissé une trace importante », a ajouté MCatherine Claveau.

Un parcours imposant

Fils d’avocat, Louis LeBel a baigné dans le droit dès l’enfance. Il a étudié à l’Université Laval et à l’Université de Toronto. Pendant ses études, il a été récipiendaire de la Médaille du Gouverneur général, de la Médaille du Lieutenant-gouverneur et de la médaille d’argent Tessier.

Il a d’abord exercé le droit au sein de cabinets à Québec, tout en s’impliquant dans divers comités, comme le comité de rédaction de la Revue du Barreau, qu’il a présidé de 1979 à 1982.

En 1982, Louis LeBel a été nommé vice-président du Barreau du Québec, puis bâtonnier du Québec en 1983. Il a ensuite siégé comme juge de la Cour d’appel du Québec de 1984 à 2000.

Louis LeBel a reçu un doctorat honorifique en droit de l’Université Laval en 2001, et un autre de l’Université d’Ottawa en 2010. Il aussi enseigné comme professeur invité à ces deux universités.

Auteur prolifique, le juriste a signé une variété d’études et d’articles de droit. Il a aussi corédigé avec MRobert-P. Gagnon et le professeur Pierre Verge l’ouvrage intitulé Le droit du travail en vigueur au Québec, publié aux Presses de l’Université Laval.

Après son départ de la Cour suprême, Louis LeBel a continué à exercer le droit, notamment en tant que juge invité à l’Université Laval. En 2018, il devint fiduciaire de La Presse au moment de la transformation de l’entreprise en fiducie d’utilité sociale, fonction qu’il a occupée jusqu’en juillet 2022. Il n’avait pris sa retraite définitive qu’en mars dernier.

Louis LeBel a aussi été nommé membre honoraire de l’American College of Trial Lawyers en 2004 et compagnon de l’Ordre du Canada en 2017.