Brandon McIntyre a été condamné mardi à 14 ans de détention pour avoir battu à mort sa conjointe, une jeune mère adorée de tous. Un crime « barbare » et « ignoble », selon le juge. Les proches de Rebekah Harry ont livré des témoignages extrêmement bouleversants mardi au palais de justice de Montréal.

« Je veux lâcher prise, mais je ne peux pas. Monsieur le juge, je ne peux pas lâcher prise ! Quelqu’un a battu ma fille comme ça ! Elle était si gentille… Elle a été battue comme un chien ! C’est insoutenable ! », a tonné Ian Harry, père de Rebekah Harry, dans un témoignage déchirant.

« Becky », la généreuse. « Becky », la voix d’or. « Becky », la survivante du cancer. Personne n’est resté insensible mardi devant les témoignages crève-cœur de cette famille tissée serré. Une famille qui s’est fait voler une partie de son cœur. Même le juge Marc-André Blanchard a essuyé des larmes lorsqu’on a lu une lettre à s’arracher l’âme du jeune fils de la victime.

« Chère maman, je t’aime beaucoup, beaucoup. Je pense tellement à toi. Tu me manques tellement. J’espère que tu as du plaisir. Souviens-toi, nous sommes les meilleurs amis pour la vie. Tu es tout pour moi. Tu restes dans notre cœur pour toujours. Je vais te tenir dans mon cœur. Je t’aime », a écrit le garçon de 11 ans de Rebekah Harry.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Ian Harry, père de la victime

« Elle était tout pour moi. Ma Becky. Elle ne jugeait pas. Elle était une joie pour tout le monde », a dit en sanglotant sa mère, Yolande Frenette. « Elle était magnifique et avait un cœur en or », a confié sa sœur Natasha Frenette. « C’était la plus belle des âmes. Ma meilleure amie », a livré sa sœur Ruth. « Elle était née avec quelque chose de spécial », a renchéri sa sœur Chantal, dévastée.

« Je ne vois aucun remords chez ce type ! Si tu as des remords, tu le cries : ‟Je suis désolé !” Je ne peux pas voir de la sincérité dans son plaidoyer de culpabilité », a vociféré le père éploré, en montrant du doigt le tueur dans le box des accusés.

Chef réduit d’homicide involontaire

Au retour de la pause, on pouvait entendre les râles de Brandon McIntyre avant même son arrivée dans le box. En pleurant à chaudes larmes, le tueur s’est confondu en excuses. « Je prends à 100 % la responsabilité de mes gestes », a-t-il dit en sanglotant.

Accusé de meurtre au second degré, Brandon McIntyre a plaidé coupable, le mois dernier, à un chef réduit d’homicide involontaire. Sous les yeux d’une ex-copine qu’il a également frappée, l’homme de 35 ans a battu à mort Rebekah Harry dans la nuit du 19 au 20 mars 2021. Un crime d’une extrême violence.

« Regarde ta face, regarde ta fucking face. Tu sais que c’est de ta faute, n’est-ce pas ? », a craché Brandon McIntyre en rouant de coups sa victime.

Pendant cette nuit d’enfer, le tueur a projeté la femme de 29 ans sur un lit de bébé, puis lui a asséné des coups de pied au visage (stomp). Elle le suppliait d’arrêter.

Son calvaire n’était pas terminé. Brandon McIntyre a soulevé la victime par les épaules et l’a projetée au sol à deux reprises. Elle s’est cogné violemment la tête au sol. Quelques heures plus tard, Rebekah Harry agonisait sur le sofa. S’il ne s’agit pas d’un meurtre, c’est parce que le bourreau n’avait pas l’intention de tuer la victime, selon le ministère public.

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Brandon McIntyre

Quand il a appris les circonstances choquantes de la mort de sa fille, le père de Rebekah a ressenti « chaque coup ». Il s’est alors remémoré un souvenir traumatisant de sa jeunesse : avoir été battu à la matraque par des policiers. « Je voulais hurler ! Personne ne peut comprendre cette douleur sans l’avoir vécue. C’est une souffrance impossible », a confié le père.

Pour plus d’éducation

Incapable de poursuivre son témoignage, le père a laissé une intervenante d’un Centre d’aide aux victimes d’actes criminels terminer sa lettre. « Ma fille est morte de façon violente. J’espère que sa mort aura un sens et va contribuer à changer les choses pour protéger d’autres femmes », a écrit le père.

Le frère de Rebekah Harry, Teddy Frenette, a appelé la société à en faire plus en matière de violence conjugale. « Nous devons en parler dès le jeune âge. Il faut plus d’éducation à ce sujet », a-t-il plaidé.

« La façon que ma sœur nous a été volée doit cesser. Il n’y a aucune raison de mourir ainsi. On doit en faire plus pour prévenir des âmes merveilleuses d’être volées d’une façon aussi vicieuse », a témoigné Sarah-Lisa Harry.

Le juge Blanchard a entériné la suggestion commune de la procureure, MJasmine Guillaume, et de l’avocat de la défense, MKaven Morasse, en soulignant les nombreux facteurs aggravants, dont la grande violence du crime. La peine de 14 ans se situe dans le haut de la fourchette de peine de 9 à 15 ans en semblable matière, a rappelé le magistrat.

L’histoire jusqu’ici

20 mars 2021

Rebekah Harry, 29 ans, est battue à mort par son copain Brandon McIntyre dans un appartement de Montréal.

12 avril 2023

Brandon McIntyre plaide coupable à un chef réduit d’homicide involontaire avant le début de son procès pour meurtre.

30 mai 2023

Le juge Marc-André Blanchard condamne Brandon McIntyre à 14 ans de pénitencier