Lancer des haches à bout de bras dans un espace clos et boire de l’alcool ne sont pas des activités compatibles. C’est du moins l’opinion du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui s’est récemment opposé à la délivrance d’un permis de bar à un centre où se pratique cette activité au centre-ville.

La Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a effectivement refusé d’accorder le permis.

Le centre Rage Academy, rue Atateken, demandait l’autorisation de servir des boissons alcoolisées aux jeunes professionnels et aux groupes d’affaires qui viennent projeter de vraies haches affûtées vers des cibles en contreplaqué. Une « expérience mémorable », promet l’entreprise, qui attire les partys de bureau et évènements de consolidation d’équipe.

Comme pour toutes les autres demandes de permis de bar à Montréal, le SPVM a été averti.

Le corps policier s’est opposé à l’idée « pour des raisons notamment de sécurité publique », rapporte la décision de la RACJ, qui vient d’être rendue publique.

« Le corps policier fait valoir que la délivrance du permis d’alcool à la demanderesse est contraire à l’intérêt public ou est susceptible de porter atteinte à la sécurité publique puisqu’on permettrait l’achat et la consommation de boissons alcooliques dans un établissement où sont manipulés des objets pouvant causer des lésions corporelles graves ou la mort », relate la décision.

La police ne semble pas avoir été convaincue par le fait que « des mesures de sécurité sont mises en place, dont un système de caméras et la présence d’un gérant et de surveillants en tout temps ».

« Ce n’est pas dangereux », dit le centre

Ces mesures sont pourtant efficaces, a juré Alex Tsyrfa, responsable des communications de l’entreprise.

« Avec un bon encadrement du côté de l’administration du centre, ce n’est pas dangereux. Je peux vous dire ça », a-t-il assuré en entrevue téléphonique, disant s’appuyer sur des visites d’établissements semblables en Ontario ou aux États-Unis où l’on peut boire de l’alcool. « S’il y a un problème général de sécurité pour les gens, d’après moi, ça devrait être interdit partout. »

M. Tsyrfa a fait valoir que le commerce sera encore davantage sécurisé s’il obtient le droit de servir de l’alcool. Dans ce scénario, « nous [aurons] des mesures de sécurité sur place. Vous ne pourrez pas prendre un verre et aller n’importe où, il y [aura] une zone désignée pour consommer la nourriture et l’alcool », a-t-il expliqué.

La Ville de Montréal s’est aussi opposée à la demande de permis de bar, cette fois pour des motifs de zonage.

La décision de la RACJ n’a finalement pas porté sur la compatibilité du lancer de haches et de la consommation d’alcool. Devant l’opposition de la Ville, l’entreprise a changé sa demande de permis de bar en demandant un permis de restaurant. Or, ces permis ne peuvent être accordés qu’aux établissements qui sont principalement des restaurants, a tranché la Régie.

Rage Academy s’est lancée dans une nouvelle procédure pour obtenir un permis de la RACJ, a expliqué Alex Tsyrfa.